Détaché de la Croix et enveloppé d'un linceul... / Chr. Elmer

Chemin de croix en famille

Le matin du 29 mars 2024, le chemin de Croix du Vendredi Saint a réuni les familles, à Ste-Marie. Une démarche proposée par la Pastorale de la famille, sous la houlette du diacre Philippe Charmillot, venu dans l’UP Bienne-La Neuveville pour ce Triduum pascal.

Le matin du 29 mars 2024, le chemin de Croix du Vendredi Saint a réuni les familles, à Ste-Marie. Une démarche proposée par la Pastorale de la famille, sous la houlette du diacre Philippe Charmillot, venu dans l’UP Bienne-La Neuveville pour ce Triduum pascal.

Comment raconter la Passion à des petits, voire des tout-petits ? Le chemin de Croix concocté par la Pastorale de la famille a parfaitement sensibilisé son plus jeune auditoire. Le diacre Philippe Charmillot, assisté de deux catéchistes, d’une lectrice, d’un lecteur et de trois chanteuses et musiciennes, a invité petits et grands à un parcours à la fois spirituel et pédagogique, particulièrement adapté au tout-public.

Le lecteur et la lectrice, au fil des stations rencontrées, ont lu devant l’assemblée ce qui se vivait dans le récit de la Passion. D’abord, ce Jésus qu’on a condamné à mort avant de le charger de sa Croix. Pour illustrer ces dires, un marteau, puis un clou, puis d’autres objets ont été remis à des enfants. Chaque fois, le diacre a fourni les explications nécessaires. « Oui, le Seigneur porte avec nous nos peines. Mais quelles sont vos peines ? » a-t-il interrogé. « Et toi, tu as des peines ? Lesquelles ?» Ici et là, des petites mains se sont levées. « Moi j’ai des peines, des fois, dans des dessins animés… » Derrière lui, une voix menue a renchéri : « Moi, c’est quand il y a des bagarres ». Message bien reçu : à leur manière, du haut de leur courte histoire, les enfants ont compris ce que sont les fardeaux. C’est que le fardeau - surtout celui du Christ - est bien lourd ! Ne voilà-t-il pas qu’Il tombe ? Les yeux des petits se sont écarquillés.

Mais un chant mélodieux s’est fait entendre. La voix douce de Marie, l’une des trois musiciennes de ce chemin de Croix. Puis, en file indienne, derrière le diacre, le cortège du Vendredi Saint s’est introduit dans la crypte de Ste-Marie. C’est là que Marie, Mère de Jésus, a retrouvé son Fils. C’est là que, sur son chemin de souffrance, le Christ a revu le visage, plein d’amour, de sa Mère. Ne vient-Il pas, Jésus, au-devant de tous les abandonnés ? Philippe Charmillot a ensuite convié le groupe à entonner la prière à la Vierge. « Je vous salue Marie, pleine de grâce… »

On a encore distribué des objets : d’autres clous, une couronne, une tenaille... Une fois de plus, les yeux des petits se sont écarquillés. « Mais qu’est-ce qu’on va faire de tout ça ? » Les adultes n’ont rien dit et les enfants se sont laissés surprendre. Un autre chant a alors retenti. Il a couvert les pleurs d’un bébé dans sa poussette. Un chemin de Croix jalonné de vie, de symboles, de paroles, de cris d’enfants, de gestes et de musiques. Comme un chapelet de moments délivrant leurs trésors. Oui, le Seigneur tend la main à chacun. Le diacre a alors invité les gens à écrire sur un papier le nom d’une personne seule, pour lui envoyer une carte ou lui manifester tout autre geste d’attention.

Toi qui donnes tout à tous

Dans sa route vers la Croix, le Christ – défiguré par la Douleur – a croisé parmi la foule Véronique. Avec un linge, elle a essuyé le visage ensanglanté de son Seigneur. « Seigneur, tu prends soin de tous ceux qui sont épuisés et de chacun de nous. » Celles et ceux qui le souhaitaient ont inscrit ensuite leur prénom sur une nappe de papier. Dans l’église supérieure, à Ste-Marie, les lecteurs ont poursuivi leur récit. Ils ont raconté l’épisode où Jésus a été dépouillé de ses vêtements. « On peut lui enlever ses vêtements, mais son amour, personne ne peut le lui arracher. » Puis, le diacre a attiré l’attention de la petite assemblée sur les mosaïques, magnifiques, de l’église. « Que voyez-vous ? » Devant l’autel, on a formé une croix avec les deux lattes ; on les a attachées avec de la ficelle et on a cloué une silhouette de carton, représentant Jésus. Cloué. Mort. Une effigie, bien sûr. Mais, les enfants l’ont compris : c’est arrivé, pour de vrai, et en pire, à Jésus !

« Notre Père qui es au Cieux… » S’est hissé ensuite un chant lumineux. Agenouillés, toutes et tous ont fait silence, le cœur en croix. Même les plus petits ont saisi, sans peut-être tout comprendre, quelle ampleur et profondeur il y avait dans ce qui s’est vécu.

Et voici qu’on a détaché le corps de Jésus. Deux filles ont soulevé délicatement la silhouette cartonnée qu’elles ont ensuite amoureusement enveloppée dans un grand drap blanc. Un linceul. Jésus a été déposé sur l’autel. Le tombeau, en somme. La Vie, oui. Mais ceci, ce sera pour le matin de Pâques. En attendant, alignés bien à plat aux côtés du Corps, les objets de la Passion ne serviront plus.

Surgira une aube nouvelle. On retrouvera le linceul plié, la grosse pierre à l’entrée du tombeau roulée sur le côté. On se demandera qui a enlevé le Corps.

On trouvera le Ressuscité.

Christiane Elmer

Quelques reflets du chemin de Croix / Photos Chr. Elmer

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