« Que soy era Immaculada Councepciou ». Cette parole, prononcée dans un patois bigourdan par une jeune fille frêle et ignorante de théologie, allait bouleverser bien plus qu’un village des Pyrénées. Et aujourd’hui encore, elle continue de faire vibrer les cœurs. À Lourdes comme ailleurs. Y compris… dans les salles de spectacle.
C’est ce pari étonnant que relève le spectacle musical Bernadette de Lourdes, créé en 2019, et désormais en tournée à travers la France, la Suisse et au-delà. Mêlant théâtre, chant et émotion, cette œuvre retrace le destin de Bernadette Soubirous, de sa rencontre bouleversante avec la « Dame » jusqu’à son retrait au couvent de Nevers. Un récit fidèle, puissant, porté par des artistes habités, des décors sobres et lumineux, et une musique qui touche l’âme.
Une sainte sans fard
Pas de superflu ici, pas de pathos fabriqué. Le spectacle s’ancre dans la simplicité qui caractérisait Bernadette. On y retrouve la rudesse de la vie quotidienne, la pauvreté de cette famille de meuniers tombée dans la misère, les quolibets, les procès d’intention, les regards lourds et les portes closes. Mais aussi la lumière. Celle qui surgit dans la grotte. Celle qui passe par le cœur pur d’une enfant. Celle qui rayonne dans les silences et les prières.
Loin d’un divertissement superficiel, Bernadette de Lourdes devient chemin spirituel. Il invite à se laisser rejoindre par l’appel discret de Marie, à travers les doutes et les incompréhensions. L’Évangile y est en filigrane, sans discours appuyé : il suffit d’ouvrir les yeux, d’écouter les silences, et de se laisser toucher.
Une voix pour aujourd’hui
Que nous dit Bernadette en 2025 ? Peut-être qu’il est encore possible de croire en la beauté, même dans les marges. Peut-être que la foi ne vient pas forcément des docteurs, mais des cœurs simples. Peut-être que les apparitions ne sont pas un luxe du passé, mais une invitation à voir autrement.
L’actrice qui incarne Bernadette, de sa voix douce et puissante, rend palpable cette tension entre ciel et terre. Les chansons, aux accents modernes et poignants, ne dénaturent rien. Elles traduisent les émotions brutes : l’incompréhension, la peur, la joie soudaine, la paix profonde. Tout cela s’inscrit dans une scénographie sobre, presque monastique. Une grotte, un banc, un halo de lumière. Et c’est suffisant.
Un pèlerinage intérieur
Assister à Bernadette de Lourdes, ce n’est pas simplement « aller au spectacle ». C’est accepter un déplacement intérieur. C’est tendre l’oreille à une voix venue d’ailleurs, et peut-être redécouvrir que Dieu parle encore aujourd’hui à travers les petits et les pauvres. Le temps d’une soirée, la scène devient sanctuaire. Et la prière, chanson.
Dans notre monde pressé, bruyant, assoiffé d’images, une jeune fille de 14 ans nous tend la main. Elle ne promet pas de miracles, mais une eau vive pour apaiser notre soif. Celle de la vérité, de la paix, de la lumière.
Bande-annonce: https://youtu.be/rMLpcvJ5AMg?si=4mJC5FU-CCptRQ-d
A voir au cinéma Beluga à Bienne
- Jeudi 24 avril 2025 à 20h
- Dimanche 27 avril 2025 à 16h
Céline Latscha