Sanctuaire de la Sainte-Baume / Chr. Elmer

La vie peut se récupérer

L'abbé François-Xavier Gindrat nous livre sa méditation, inspiré - entre autres - par le mystique romand Maurice Zundel.

L'abbé François-Xavier Gindrat nous livre sa méditation, inspiré - entre autres - par le mystique romand Maurice Zundel.

Pandémie usante depuis deux ans, peut-être bientôt tarie ; bruit de bottes en Ukraine, campagne électorale aux résultats incertains chez nos voisins hexagonaux, vent de contestation, revendication et espoir de changements structurels lors du chemin synodal de notre Eglise qui change depuis 2000 ans, nominations d’un nouveau genre dans notre région diocésaine, polémique sur la responsabilité du pape émérite à Munich, … et moi, et moi, et moi ? aurait chanté Jacques Dutronc…

Le psaume 26 (2e dimanche de Carême) exprime ce sentiment mitigé :

Ecoute, Seigneur, je t’appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
Mon cœur m’a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

Laissons l’immense mystique romand, l’abbé Maurice Zundel (1897-1975), nous encourager :

« Croire en Dieu sans croire en l’homme est une imposture, parce que l’homme, justement, est la révélation de Dieu ; est ici-bas la seule révélation possible de Dieu. Celui qui ne comprend pas que c’est dans l’homme que la divinité va s’incarner et se manifester, celui-là n’a rien compris, ni à l’homme ni à Dieu. Si nous ne rencontrons pas et ne respectons pas la présence divine là où elle doit se produire et se manifester, c’est que notre Dieu est une idole, un faux dieu. (…)

Aussi bien voyons-nous qu’à travers toutes les douleurs humaines, à travers les maladies, la folie, la mort même, la vie peut se récupérer et s’éclairer dans le rayonnement de l’amour et il arrive que ce soient précisément les infirmes, les êtres voués à la souffrance qui donnent à la vie son visage le plus noble et le plus beau. (…) Du fond de toute la misère humaine monte cet appel d’un Dieu blessé, dont l’échec révèle l’indispensable concours de notre liberté pour réaliser un monde dont l’amour est le sens. (…)

Comment ne pas comprendre, en face de la Croix, que Dieu nous appelle à être des créateurs, qu’il ne peut, sans nous, transparaître dans notre histoire, que la création de l’univers est une histoire à deux, une histoire d’amour, qui ne peut s’achever que si nous achevons en nous notre propre création, en entrant dans le mariage d’amour qu’il veut contracter avec nous ?

Si nous songeons que nous portons une Présence, une valeur infinie (…) comme notre regard sera transformé ! »[1]

J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »

Abbé François-Xavier Gindrat

 


[1] Maurice Zundel, Je ne crois pas en Dieu, je le vis, Le Passeur, 2017, pp.117-119

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