"Madame Frigo", le frigidaire qui a du coeur !

Depuis 2019, les personnes en situation de précarité ne cessent d'augmenter et de faire appel à l'aide sociale. Le point avec Nadège Michel, assistante sociale francophone du service social de la Paroisse.

Depuis 2019, les personnes en situation de précarité ne cessent d'augmenter et de faire appel à l'aide sociale. Le point avec Nadège Michel, assistante sociale francophone du service social de la Paroisse.

Pourquoi une telle augmentation des demandes ?
Pour plusieurs raisons. Notamment suite à des changements législatifs visant particulièrement le milieu migratoire. Le 1er janvier 2019, une nouvelle loi sur l'asile et l'intégration au niveau fédéral est entrée en vigueur, entraînant des modifications pour l'octroi et le renouvellement des permis de séjour. En juillet 2020, il y a eu la mise en œuvre du projet de restructuration du domaine de l'asile et des réfugiés (NABE) dans le canton de Berne. Et puis, entre fin 2020 et début 2021, il y a eu l'introduction d'une ordonnance cantonale qui a réduit de 30% l'aide sociale des migrants avec un permis F depuis sept ans ou plus.

Des conséquences terribles pour les personnes en difficulté !
Oui. Ils subissent une forte pression et doivent vivre avec une aide se situant en-dessous de ce qui, en Suisse, est qualifié de " minimum vital ". Cette ordonnance a du reste été attaquée par les milieux sociaux : elle est discriminatoire et contredit l'obligation d'égalité de traitement.

Et le Covid, évidemment, n'a rien arrangé...
Cette pandémie a engendré une précarisation de l'emploi qui, d'ailleurs, ne concerne pas que les migrants ! Nous nous retrouvons avec une explosion de demandes d'aide pour l'alimentaire. De nombreuses personnes n'ont plus de nourriture pour terminer le mois, jusqu'au versement du prochain revenu.

Comment leur venez-vous en aide ?
Nous le faisons de manière ciblée avec des bons d'achat Caritas ou Migros (pour éviter l'achat de cigarettes et d'alcool) pour que les demandeurs puissent faire leurs courses. L'année passée, nous avons utilisé CHF 1050.- rien que dans l'achat de bons. Et cette année, à fin août, nous en étions déjà à CHF 2300.-

Comment être sûrs qu'il n'y a pas... d'abus ?
Chaque fois qu'un bon est remis, la demande est vérifiée. Je me demande parfois comment il est possible de tourner avec si peu ! La très grande majorité des demandes provient de familles. Il suffit d'être en attente d'une ou plusieurs rentrées d'argent pour se retrouver en difficulté pour se nourrir. Cela prend du temps, plusieurs mois, par exemple, pour recevoir une bourse d'études, des réductions de l'assurance-maladie, la vérification du droit à une assurance ou la mise en place d'une pension alimentaire, pour ne citer que quelques cas. Et, dans l'attente, évidemment, il faut tout de même payer son loyer, les factures courantes et avoir de quoi se nourrir. Avec l'argent restant, on achète encore les couches du bébé et l'utilitaire. Rien de luxueux ou de superflu, en tout cas.

Le service social devrait en faire davantage ?
Je dirais tout simplement qu'avant, nous pouvions davantage nous concentrer sur des factures relatives à des activités sportives pour les enfants, aux coûts de la santé et aux frais de transport. Autant de choses que nous pouvons malheureusement moins faire maintenant. Nous devons nous focaliser sur l'essentiel : assurer le bas-seuil de la subsistance.

Comment la communauté peut-elle apporter son aide ?
Par exemple en soutenant ce que la Paroisse fait via notre service social. Autrement dit : offrir des bons Migros, à amener de préférence aux secrétariats. Ces bons sont remis aux deux assistantes sociales (ndlr : Nadège Michel et sa collègue alémanique Anne-Sophie Hirsbrunner) qui les mettent ensuite à disposition en fonction des demandes. Outre les bons d'achat, on peut aussi faire un don financier au service social de la paroisse. Ou encore utiliser les frigos communautaires, à libre disposition, pour venir y déposer (ou y rechercher) des denrées. Ceci, en toute discrétion et dans le respect de l'anonymat.

Mais où trouve-t-on ces frigos ?
" Madame Frigo " se trouve à la rue Alfred-Aebi 82. C'est tout près de nos bureaux de la rue Aebi 86, dans les locaux du centre paroissial de St-Nicolas. Evitons le gaspillage et montrons-nous solidaires ! On peut apporter un surplus d'aliments dans ce frigo ou venir y déposer quelques denrées, à notre retour des courses. " Madame Frigo " est là pour ça. Chacun peut venir rechercher de la nourriture ou en apporter. Merci d'ores et déjà à nos paroissiennes et paroissiens de vivre leur foi dans la fraternité.

Préavis favorable à une contribution supplémentaire
Face aux défis financiers que connaît actuellement le service social de la Paroisse, la commission sociale a recommandé une contribution supplémentaire de CHF 10'000 au budget. Le conseil de paroisse en débattra lors de sa séance du 28 septembre. Malgré les difficultés économiques liées à la crise financière du COVID, il y a de fortes chances que cette proposition soit acceptée.

Propos recueillis par Christiane Elmer

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Services interparoissiaux
2502 Biel / Bienne
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