« L’espérance, ce n’est pas l’espoir. L’espoir est à portée de main, l’espérance nous échappe. » D’une voix calme et profonde, Bernard Miserez a planté le décor d’une soirée marquée par la profondeur spirituelle mercredi 19 mars 2025. Recteur du sanctuaire Notre-Dame du Vorbourg à Delémont, il était l’invité de la paroisse catholique Bienne-La Neuveville pour une conférence intitulée Marie, modèle d’espérance, donnée à la cure Sainte-Marie.
En cette année jubilaire, alors que nos sociétés semblent ballotées par des stratégies politiques imprévisibles, le besoin d’un cap devient criant. Et c’est bien le Christ, seul, qui demeure ce cap. Mais que signifie espérer ? À cette question, trop souvent éclipsée ou galvaudée, Bernard Miserez répond en scrutant le visage de Marie, figure de foi inébranlable et de liberté courageuse.
À l’annonce de l’ange, Marie ne se dérobe pas. Elle s’interroge, elle tremble, elle accepte. « Elle est vierge, ne connaît pas d’homme, et doit enfanter. L’espérance, c’est affronter l’impossible. » Le risque est grand, quasi insensé : dans la société de son temps, elle pourrait être rejetée, condamnée. Pourtant, elle dit oui. Un oui qui n’est pas un acquiescement passif, mais un acte de foi libre, profond, plein.
« Quand Dieu nous appelle, qu’est-ce qui se passe ? », interroge le conférencier. Ce n’est pas la certitude qui répond, mais la confiance. Dieu choisit une jeune fille inconnue pour accomplir son dessein. Il l’appelle par un surnom : Comblée de grâce. Et ce surnom, selon Bernard Miserez, Dieu le donne aussi à chacun, à chacune. « Le Seigneur est avec toi… Elle fut bouleversée. Qui ne le serait pas ? »
Oser l'espérance, à l'école de Marie
Marie devient alors messagère d’une espérance incarnée. Elle part en hâte retrouver sa cousine Élisabeth. L’enfant tressaille dans le ventre d’Élisabeth : un signe. Puis vient le Magnificat, ce chant d’une puissance révolutionnaire. « Il s’est penché sur son humble servante… Le puissant fait pour moi des merveilles… Il disperse les superbes… Il renvoie les riches les mains vides. » Marie proclame un monde nouveau, celui du Royaume qui vient.
« Il n’y a rien de plus concret qu’un miracle », affirme Bernard Miserez. Non pas un tour de magie, mais la capacité, donnée par Dieu, de se relever, de recommencer, de croire que tout peut encore naître. Le miracle, c’est cette faculté de commencer. Et l’espérance, c’est ce regard neuf porté sur le monde, qui donne tort aux cyniques. Un regard que Marie a osé porter, contre toute évidence.
Jésus, en venant sur terre, ne cherche pas autre chose qu’à être accueilli. Il veut communier avec l’homme, entrer dans nos histoires, nos silences, nos combats. « Si Dieu devient homme, c’est pour que l’homme devienne Dieu », rappelle le conférencier. Et Marie, première disciple, première croyante, devient ce lien vivant entre ciel et terre.
Elle a dit oui. Et toute sa vie, elle aura à devenir ce oui, à lui donner chair, jusqu’au pied de la croix. « La foi s’inscrit dans les heures de notre histoire humaine, dans nos actes », ajoute Bernard Miserez. Elle n’est pas une théorie abstraite, mais une manière d’habiter le monde avec confiance.
Ce soir-là, dans la chaleur simple de la salle paroissiale Sainte Cécile, les mots de Marie ont de nouveau résonné. Et peut-être, dans le cœur de chacun, cette certitude discrète mais tenace a grandi : il est encore possible d’espérer.
Céline Latscha