Photo: Cain, Henri Vidal_Tuileries

Ces abus qui nous blessent toutes et tous !

Dans le cadre de la Semaine Sainte, des religieuses prennent la parole pour dénoncer les abus dans l'Eglise et redire leur foi en la victoire de la Lumière au coeur des ténèbres.

Dans le cadre de la Semaine Sainte, des religieuses prennent la parole pour dénoncer les abus dans l'Eglise et redire leur foi en la victoire de la Lumière au coeur des ténèbres.

L'Eglise catholique est secouée depuis des années par le scandale que représentent les abus sexuels commis par certains prêtres, religieux, évêques et même parfois des religieuses sur ceux et celles qui auraient dû recevoir des adultes le plus de respect et de soutien. Il ne se passe pas de jour sans que de nouvelles révélations nous parviennent nous laissant sans voix, abasourdies, honteuses... Et tout semble dire que ce que nous dé-couvrons ne représente que la pointe visible d'un iceberg.

L'Union des Supérieures Majeures de Suisse Romande (USMSR), qui regroupe un peu moins de 500 religieuses, tient à joindre sa voix à celles d'autres Unions (nous pensons en particulier à la Conférence des Religieux et Religieuses de France (CORREF), à l'Union Internationale des Supérieures Générales (UISG), à l'Union des Supérieurs Généraux (USG), ainsi qu'à celles de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg et de Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion et bien sûr celle du pape François.

Avec eux nous tenons d'abord et avant tout à dénoncer les crimes perpétrés sur des enfants. Avec l'UISG, nous affirmons vigoureusement que l'abus des enfants est un mal partout et en tout temps : ce point n'est pas négociable. Nous dénonçons avec la même force les abus sexuels perpétrés sur des religieuses par des prêtres, des religieux, des évêques, avec parfois la complicité criminelle des supérieures, chez nous en Europe et sur d'autres continents.
Nous dénonçons également le silence coupable de certains responsables (évêques, prêtres, supérieures et supérieurs de communautés religieuses) alors qu'il aurait fallu écouter, accompagner, soutenir les victimes et dénoncer les auteurs de crimes. Nous savons maintenant combien ce silence a contribué à enkyster la souffrance et détruire la vie des victimes.
Nous voulons aussi reconnaître notre responsabilité de religieuses et demander pardon aux victimes qui n'auraient pas trouvé auprès de nous l'écoute et le sou-tien dont elles avaient urgemment besoin. Si nos yeux et nos oreilles s'ouvrent peu à peu, c'est grâce au courage et à la persévérance des victimes relayées par les médias. S'ils (victimes et médias) n'avaient pas parlé, pourrions-nous aujourd'hui affronter enfin nos zones d'ombre ? Oserions-nous préférer la lumière aux ténèbres, la parole libératrice au silence qui tue, critiquer nos pratiques de gouvernance et de pouvoir dans l'Eglise, entrer dans le vaste chantier de réforme auquel nous invite le pape François ?

Très concrètement, nous disons notre ferme volonté de nous engager dans la lutte contre la pédocriminalité et les abus commis à l'égard de religieuses, en particulier en donnant priorité à l'écoute de toute personne victime qui viendrait se confier à nous, en l'orientant, si besoin est, vers des lieux d'écoute (ASCE, CECAR ou SAPEC) et en dénonçant à la justice civile et aux responsables hiérarchiques les cas d'abus qui parviendraient à notre connaissance.

Nous exprimons notre soutien et notre reconnaissance à tous ceux, prêtres diocésains et religieux, qui vivent leur engagement sacerdotal avec droiture et générosité.

Nous disons notre foi et notre espérance : fortes de notre adhésion à Jésus-Christ, nous croyons que le mal et le mensonge ne l'emporteront pas. Cette terrible crise qui ébranle les fondements mêmes de l'Institution ecclésiale est sans doute l'occasion pour elle et donc pour chacun, chacune de nous qui sommes l'Eglise : celle d'une conversion radicale à l'esprit de l'Evangile, à l'esprit de Jésus qui est un esprit de douceur, de respect inconditionnel de la personne ; un esprit de service du pauvre, de l'enfant, du faible, du sans-voix.
Notre espérance est aussi qu'il y ait un chemin de libération pour que les victimes puissent être délivrées de ce poids.
Que les auteurs d'abus sexuels prennent un chemin de vérité et de renaissance, là est encore notre espérance.

Le chantier qui attend l'Eglise, qui nous attend, est immense ! L'USMSR désire s'y engager, dans la mesure de ses possibilités et à la place qui est la sienne. Elle désire participer à cette œuvre de renouveau pour que l'Eglise soit cette maison où chacun puisse vivre en sécurité et y trouver sa place, ce lieu où nous pouvons nous découvrir frères et sœurs les uns des autres et enfants bien-aimés de Dieu.

Au nom de l'USMSR
Sœur Marie-Emmanuel Minot, présidente

Semaine Sainte 2019

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