L'existence éphémère d'un papillon... / Chr. Elmer

Les dimensions du Salut

J'ai longtemps cru, pour l'avoir entendu dire, que la vie était courte. Aujourd'hui, cependant, j'ai des doutes...

J'ai longtemps cru, pour l'avoir entendu dire, que la vie était courte. Aujourd'hui, cependant, j'ai des doutes...

Si Jeanne Calment, morte à plus de 122 ans, détient un record de longévité, la plupart de nos congénères s'éteignent en moyenne entre 80 et 95 ans. Une palourde Ming quant à elle peut vivre plus d'un demi-millénaire, une tortue des Seychelles presque 200 ans et un papillon virevolte entre quelques jours et plusieurs semaines. La notion de durée, c'est donc bien relatif ! Quoiqu'il en soit, brève ou pas, la vie humaine est bien davantage qu'un temps biologique qui nous serait accordé. Elle demeure ce mystère profond qui nous fait dire, admiratifs, qu'une personne a eu une belle vie parce qu'elle s'en est allée à un âge très respectable, et qui nous fait hurler au scandale quand une autre, trop jeune pour mourir, quitte prématurément ce monde. Alors oui, la vie est parfois trop courte, injuste et cruelle pour certains. Trop longue aussi pour d'autres ; ceux qui, tous âges confondus, n'aspirent qu'à mourir parce qu'ils n'en peuvent plus de vivre.

Mais admettons que la vie soit courte... Il nous faudrait alors, comme on dit, en profiter. Ce qui pourrait vouloir dire s'acharner à goûter à tout, dans la panique vorace de louper quelque chose. Oui... violemment projetés vers l'avant, ceux qui veulent à tout prix en profiter brûlent la chandelle par les deux bouts et consomment un à un, haletants et exsangues, leurs jours.
La vie serait donc courte ? Elle est toujours trop brève pour qu'on y déploie pleinement tout le bien qu'on aurait souhaité. Mais la durée de notre existence nous laisse généralement de quoi en faire quelque chose. Certes, de temps en temps, on s'égare en chemin et perd pied. On a des éclats, des regrets, des remords et des élans. La vie nous concède ainsi, dans sa bonté ou cruauté aléatoire, nonante-cinq, soixante, trente-quatre ou... huit ans... pour en profiter. Profiter de bonifier et, du coup, convier les autres, par l'amour, à avoir envie de bonifier à leur tour. C'est à cela que nous sommes appelés. Notre vocation de chrétiens, ce n'est que l'amour. Une mission à faire fructifier, en cette vie, dans les années imparties. Si la vie est courte, elle est aussi - elle est surtout - éternelle. Une Vie tissée dans une infinitude d'instants échappant à l'espace-temps. L'éternité, ce n'est ni court ni long et ça commence déjà maintenant.
Ô, mon Dieu, jamais on ne mesurera les dimensions du Salut. Et nous t'en rendons grâce.

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