Dans la nuit du 8 janvier 1988, Marc-André Antille a été victime d'une rupture d'anévrisme. Il témoigne ici de son retour à la vie.
" Si j'avais le Christ devant moi, je le remercierais de m'avoir donné la volonté de me prendre en main. Je veux rester debout. Je suis un homme : je veux me lever ! "
Du haut de son regard bleu, le Biennois Marc-André Antille, appelé simplement Marc, évoque la nuit du 8 janvier 1988 où, alors âgé de 49 ans, il a été victime d'une rupture d'anévrisme qui aurait pu l'emporter ou, du moins, le laisser sévèrement handicapé. Certes, les séquelles de son " petit vendredi saint " sont toujours là. Son combat quotidien. La jambe et le bras gauches, dévitalisés, la coordination des gestes, difficile, et l'équilibre chancelant. Mais le jeune septuagénaire est tenace : physio et mouvements. " Il ne faut pas désespérer mais se prendre en main ; et croire en soi. " Pour Marc, croire en soi, c'est continuer de croire en Dieu. " Puisqu'Il est en nous et qu'Il nous donne la force qu'on lui demande ".
Du jour au lendemain
Lors de cette nuit de janvier, l'existence de Marc a basculé. Une hémorragie cérébrale. Un homme soudain diminué, mais progressivement grandi à l'intérieur. " Il y a vraiment un avant et un après. D'un jour à l'autre, j'ai perdu la santé, mon travail, tout ce qui faisait ma vie. " Mais il lui restait l'essentiel : la foi, son épouse Christine et ses quatre enfants. Le photographe de reproduction, actif dans la pub, s'est retrouvé soudainement à l'AI. Et lui qui aimait tant le sport, le vélo surtout, a dû se rendre à l'évidence : " il y a beaucoup de choses que je ne pourrai plus faire... ". A force d'y croire et d'essayer, celui qui aurait bien pu ne plus jamais se lever et marcher, s'est peu à peu redressé. " J'y suis arrivé !" sourit-il, levant les yeux au ciel. " J'ai vécu un petit miracle. J'ai toujours eu la foi. Mais après mon accident, j'ai prié davantage. J'ai demandé à Dieu de m'accorder la force pour pouvoir me reprendre et élever mes enfants. J'ai une femme admirable, qui me supporte, car ce n'est pas toujours facile... "
Des moments de révolte, de déprime ? Oui, parfois. Comme tout le monde. Mais, surtout, Marc se dit heureux. D'un bonheur discret, pudique, qu'on sent vibrant de gratitude. " Je peux me lever le matin, aller à la physio, être utile à la maison ". De son " petit vendredi saint ", Marc-André Antille s'est hissé courageusement jusqu'à Pâques. Une histoire parmi d'autres pour dire un destin terrassé où soudain tout vacille. Et pourtant...
Christiane Elmer