Vivre n'est pas simple. Vivre en famille, à l'école ou au travail est chaque jour un espace où chacun doit faire des choix. Pour les plus jeunes, ce choix portera quelques fois sur leurs relations du moment (souvent les amitiés se lient et se délient rapidement dans la cour de l'école) ou sur une chose à faire ou à ne pas faire. L'enfant, à cet âge, est souvent confronté de manière forte à des choix à faire et surtout à porter dans son coeur. Entre l'enfance et l'adolescence, souvent les enfants aimeraient déjà avoir les " droits " des ados ( !) mais ont encore tellement besoin du câlin de maman, de papa ou de la personne qui s'occupe de lui. Souvent, ils sont sollicités - de plus en plus tôt d'ailleurs - par les pubs qui leur promettent que l'acquisition d'un jeu vidéo fera d'eux la " star " de l'école. Ils doivent souvent se positionner contre leur meilleur ami parce que le groupe fait pression sur eux. Leur vie n'est pas si simple. Alors, quand l'argent n'est pas là pour acheter le jeu, quand le courage manque pour choisir son ami...un non-choix s'impose. Ainsi, lorsque l'on fait quelque chose que l'on regrette, des questions surgissent en nous, quel que soit notre âge d'ailleurs. Est-ce que je vais demander pardon ou est-ce que je fais " mine de rien " ? Comment va-t-il ou va-t-elle le prendre ? N'est-ce pas faire preuve de faiblesse que de demander pardon ? Comment réparer tout cela ? Nous savons bien que vivre en famille sous un même toit ou dans une même école serait impossible sans le pardon, sans se pardonner les uns aux autres. On entend encore souvent heureusement " on fait la paix " ! Mais ce n'est pas toujours si facile de demander pardon aux personnes à qui on a fait du mal. Ce n'est pas toujours facile de reconnaître que l'on a fait les mauvais choix. Alors, pour un enfant de 10,11 ans...
Et Dieu ? Qu'a-t-il à voir dans tout cela ? Pourquoi lui demander pardon à lui aussi ? En catéchèse, que l'on appelle volontiers maintenant " cheminement de foi ", nous abordons ces thèmes des choix à faire. C'est par le biais de la catéchèse symbolique que les enfants sont amenés à réfléchir à leurs choix : une corde, un chemin, un arbre, une éponge, une clé. Ces symboles ont tous quelque chose à voir avec la réconciliation. Une corde peut enserrer, mais aussi relier. Un chemin peut être sinueux, mais peut conduire plus loin. Un arbre ne grandit pas sans racines. Une éponge sèche, mouillée et ensuite colorée dit quelque chose de l'amour de Dieu si l'on s'en imprègne. Une clé ouvre ou ferme une porte...
En tant que chrétiens, nous croyons que l'être humain est fait pour la vie. Une vie de communion avec les autres êtres humains et avec Dieu. Nous croyons que Jésus nous a donné " le mode d'emploi " qui rend cette communion possible : " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même ". Ainsi, quand le mauvais choix est fait, survient la notion de bêtise, d'accident ou de péché; une rupture se produit, une blessure survient, un lien se coupe. Le péché, ce pourrait être un refus de vivre dans l'amour, dans la vérité, la justice et la paix. Ce péché nous empêche de vivre en plénitude, comme Dieu le souhaite pour nous. Grâce à Jésus, nous savons que Dieu nous pardonne, qu'il nous libère totalement de la spirale du péché, si nous le voulons.
C'est ce que les enfants vivront le 22 avril prochain à Christ-Roi : sur leur chemin de foi, Dieu - par le geste du prêtre - leur redit à chacun : " Toi, tu es mon enfant et je t'aime ". Le prêtre, dans la célébration du Sacrement du Pardon donne un signe sensible de cette libération. Savoir et entendre que Dieu nous pardonne nous aide à demander aussi pardon aux autres et à pardonner à ceux qui nous ont fait du tort. A l'image du père attendant son fils perdu, Dieu nous fait large place pour être à nouveau reliés à lui en plénitude et en totalité.
Les enfants de 6e HarmoS ont la chance de confesser cet amour de Dieu grâce à ce Sacrement. Et, au fait, en tant que " frères et sœurs aîné(s)dans la foi ", chacun de nous peut venir ou revenir vers ce Dieu d'amour par le Sacrement du Pardon. Vivre n'est pas simple. Vivre sa foi chrétienne non plus. Les Sacrements de l'Eglise existent alors aussi pour nous indiquer qu'un chemin est possible, même quand on s'est trompé de direction. Même dans les plus grandes ruptures. Mort et résurrection : le cœur de notre foi. Que toute la communauté accompagne ces enfants sur leurs chemins...comme des frères aînés dans la foi!
François Crevoisier, catéchiste