Actualité: Le terrorisme n'a pas de religion !

(apic) En trois jours, trois tueurs - des fondamentalistes islamiques - ont assassiné 17 personnes, dont 12 le 7 janvier 2015 dans l'attaque de "Charlie Hebdo", le magazine satirique de Paris. Cette vague de violence a suscité de vives réactions en France et dans le monde. Des slogans "Je suis Charlie", des messages sur les réseaux sociaux, des marches et des rassemblements: une mobilisation sans précédent contre la barbarie et en faveur de la liberté d'opinion et d'expression.

"Nous sommes tous Charlie!" a écrit le 9 janvier 2015 la Fédération française des Médias Catholiques, en solidarité avec les victimes du sanglant attentat du 7. "Tous les éditeurs de presse catholique - presse écrite nationale, régionale, paroissiale ou des mouvements et services, radios et télévisions catholiques - tiennent à exprimer leur sympathie et leur soutien aux familles touchées par ce drame et à l'ensemble des collaborateurs de Charlie Hebdo". La Fédération, qui affiche, tous titres et toutes périodicités confondus, une distribution annuelle de plus de 150 millions d'exemplaires papier et des centaines de milliers d'auditeurs-téléspectateurs, dénonce cette attaque contre la liberté de la presse. Elle souligne que "des criminels ont sapé le principe de la liberté d'expression et donc la démocratie. Ce sont les valeurs fondamentales de la République qui sont bafouées par cet odieux assassinat".

Célébration interreligieuse à Genève
Une célébration interreligieuse a eu lieu le 14 janvier au temple de la Fusterie à Genève. Des représentants des Eglises chrétiennes, ainsi que des communautés juives et musulmanes y ont assisté. Cette célébration a été animée par Emmanuel Fuchs et Patrick Baud (Eglise protestante de Genève), Mgr Pierre Farine (Eglise catholique romaine), Jean-Claude Mokry (Eglise catholique chrétienne), François Garaï (communauté juive libérale) et Hafid Ouardiri (musulman). Elle a également été organisée par la Plateforme interreligieuse de Genève, l'Appel spirituel de Genève, Cilg-GIL, la Fondation culturelle islamique et la mosquée de Genève, ainsi que la Fondation pour l'entre-connaissance.

Les musulmans appelés à s'exprimer
Tout en ne justifiant pas l'usage de la violence et en se déclarant "choqué par l'attaque brutale sur le siège du magazine Charlie Hebdo, le Conseil central islamique suisse (CCIS) à Berne dit comprendre "le mécontentement répandu avec les provocations répétées de l'hebdomadaire satirique". Connu pour ses positions fondamentalistes (sa conception de l'islam n'est pas partagée par la grande majorité des musulmans vivant en Suisse, car il ne tient pas compte du contexte culturel, mais seulement du Coran et de la Sunna - le Biennois Nicolas Blancho, président du CCIS, affirme que le CCIS se distancie de la violence.
Le lendemain de l'attentat du 7 janvier, l'imam français Tareq Oubrou invitait les musulmans de France à sortir massivement dans les rues pour exprimer leur dégoût face à ce crime. Par ailleurs, quatre imams venus de France au Vatican ont prié avec le pape pour la paix et ont fortement condamné ces assassinats. Pour le dignitaire religieux Tareq Oubrou, "les musulmans en premier lieu doivent manifester leur colère face à cette succession de violence. Il faut vaincre ce complexe des musulmans qui disent "je n'ai pas à me justifier". La paix civile est menacée."
L'intellectuel musulman genevois Hafid Ouardiri, interrogé par Cath-Info, a condamné avec des mots très durs les terroristes islamistes. Il a également soutenu que les pays qui soutiennent l'islam radical, comme l'Arabie saoudite et le Qatar, devraient être dénoncés et sanctionnés. Mais les Etats occidentaux ont aussi en cela leur part de responsabilité. "Au nom de l'argent, de la politique et du pouvoir, les grandes puissances se sont rendues coupables d'un laisser-aller dont on paie aujourd'hui le prix. Ces criminels n'ont pas d'autres buts que de créer la division, la terreur, et c'est ensemble que l'on peut combattre ces gens-là!"
Hafid Ouardiri a encore loué l'action du pape François, qu'il a qualifié de "pèlerin de la paix".

Soutenons ceux qui s'engagent pour la paix
Le pape a affirmé participer dans la prière à la souffrance des blessés des familles des défunts. Il a exhorté chacun à "s'opposer par tous les moyens à la diffusion de la haine et de toute forme de violence physique et morale qui détruit la vie humaine, viole la dignité de la personne, mine radicalement le bien fondamental de la cohabitation pacifique entre les personnes et les peuples, malgré les différences de nationalité, de religion et de culture. Quelle que soit la motivation, la violence assassine est abominable, jamais justifiable; la vie et la dignité de chacun doivent être garanties et protégées avec force, toute instigation à la haine doit être rejetée, le respect d'autrui cultivé."

Déclaration commune du Vatican et des imams français
Le texte commun dénonce la cruauté et la violence aveugle et défend la liberté d'expression, tout en appelant à une information respectueuse des religions et de leurs adeptes. Les imams présents à Rome pour rédiger cette déclaration ont rappelé que le monde est en danger quand la liberté d'expression n'est pas assurée. "Il est impératif de s'opposer à la haine et à toute forme de violence qui détruisent la vie humaine, qui violent la dignité de la personne et qui minent la coexistence entre les personnes et les peuples." Pour les signataires, le dialogue interreligieux est la seule voie à parcourir pour dissiper les préjugés. "Nous sommes condamnés au dialogue... C'est le dialogue ou la guerre!"

Apprendre à se connaître, comprendre ce que l'autre vit...
"Nous ne devons pas céder à ces entrepreneurs de la violence, à ces prêcheurs de la haine! Nous ne devons pas céder maintenant, parce que, si nous cédons, c'est qu'ils ont réussi" a expliqué l'imam Azzedine Gaci, très engagé dans le dialogue interreligieux dans la région Rhône-Alpes. Un meurtre pour une caricature? Pour l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, "une caricature, même de mauvais goût, une critique même gravement injuste, ne peuvent être mises sur le même plan qu'un meurtre. (...)
Depuis de nombreuses années, la guerre, la mort, c'était toujours ailleurs même si pendant ce temps, des soldats français étaient engagés dans différents pays pour essayer d'apporter un peu de paix. Certains l'ont payé de leur vie. (...) Que des hommes nés dans ce pays, nos concitoyens, puissent penser que la seule réponse juste à une moquerie ou à une insulte soit la mort de leurs auteurs place notre société devant de graves interrogations". Pour le cardinal Vingt-Trois, le choc provoqué par cet attentat a appelé les citoyens français à redécouvrir un certain nombre de valeurs fondamentales de la République, comme la liberté de religion ou la liberté d'opinion. Il a aussi rendu hommage aux rassemblements spontanés, marqués par un grand recueillement, sans manifestation de haine ou de violence.

S'opposer avec vigueur à tous les extrémismes!
Les juifs de Suisse se sont déclarés consternés par les attentats terroristes qui ont fait douze victimes au siège de Charlie Hebdo, quatre autres lors de l'attaque contre le supermarché casher ainsi qu'un grand nombre de blessés. "Avec leurs actes effroyables, les terroristes piétinent nos valeurs du respect mutuel et de la liberté". Les juifs de Suisse ont appelé les personnes de toutes les religions et de toutes les cultures à s'engager activement pour ces valeurs et à s'opposer avec vigueur à tous les mouvements violents et extrémistes.(apic)

Ce site web utilise des cookies. Par la navigation que vous y poursuivez, vous en acceptez l'utilisation et donnez votre consentement avec notre politique de protection des données.