Chr. Elmer

Ces baisers qui furent...

Prière et poésie à fleur de pierres. Dans l'allée d'un cimetière, entre Ciel et terre. Aimer...

L'automne a balayé l'été. Dans une avalanche rousse.
Sous le froissement, sec et cuivré, des semelles distraites.
Novembre est sous nos pieds.

Saison où tout s'en va, se meurt, las, et s'étiole.
Où la vie, lien à lien, désolée, se flétrit.
Novembre où tout expire.
Où tout est dit, consommé et repris.

Chevelures déchues, arbres rabougris.
Tout gît, se consume, dépose et décompose.
Saison de la mémoire.
De pierre en pierre, vive, et d'âge en âge, triste.

Bruyère en floraison.
Feuilles fripées dans l'eau des vieilles pluies.
Pives en oraison.
Heureuses et oubliées.
Frissons d'ocre, plus frais, sur la nuque, étonnée.

De pierre en pierre ton jour s'en va.
Jamais ta douleur ne succombe.
Tu traverses l'allée.
Tu repenses à ta vie.
A ceux qui l'ont foulée;
à ceux qui t'ont quitté.
Rien n'est jamais mort à jamais.
Tu le sais.
Et tu penches pourtant ton front trop lourd d'amour
sous l'étreinte-morsure de ces baisers qui furent.

Christiane Elmer

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