Dans ma tête

Le temps des "vous partez où?" est révolu. Mais cette fois, comme toutes les autres, j'ai eu envie de répondre: "dans ma tête". Car il s'en passe des choses, là-dedans. A tel point qu'il serait bon, parfois, d'y passer un peu plus de temps, histoire de faire l'inventaire...

Quelques bons souvenirs à revisiter, d'autres moins bons, à classer et mettre sous clé cérébrale; quelques rêves à explorer, sans doute.
Et tant de prières à faire descendre et à agenouiller dans le cœur.

Dans le dédale de ma tête, je découvre des idées fixes, crucifiées, des rigidités rouillées, des envies bâillonnées, des mots en couleur et des silences en noir et blanc.
Elle résonne encore, ma tête, de rires frais et lointains. Ne demandant qu'à sourdre.
Oui, mon Dieu. Rire. Se faire la vie plus belle. Rire, c'est chatouiller son petit soleil intérieur. C'est comme un grand verre d'eau, quand on a soif.

Viens, viens par-ici, ma petite tête. Trop pleine, trop lourde, trop vieille. Viens que je t'emplisse de majesté et d'humilité.
Sous des nefs nouvelles, entre orgues, amours et délices. Ces mots devenus féminins, au pluriel...
Ah, ma tête, où vogues-tu quand je lâche la bride? Véloce, tu t'égares féroce vers des musiques baroques, des levers de rideau pourpres, des scènes d'opéras...

Repose-toi, ma tête.
De ce repos que nulle vacance ne donne et que nulle rancune ne talonne. Repose-toi vraiment.
Ouvre tes paumes intérieures et... accueille.
"Que ta volonté soit faite".
Oui.
Qu'elle soit faite malgré moi. Puis, avec moi. Accomplis en moi cette volonté qui est tienne. Et apprends-moi à y consentir. De toute ma tête, de tout mon cœur, de tout mon ventre, de toutes mes blessures.
Dans ma tête, dans le pêle-mêle de tous les possibles, toi seul peux l'impossible:
je me meurs, là-dedans.
J'ai peur que le désert aride ne gagne, avide, le reste de mon corps.
J'aspire à faire silence et révérence.
J'aspire à t'inviter à passer en ma vie comme on convie un ami à passer au salon, avant le repas.
Un ami qui, chaque fois qu'on lui dit: "viens!", revient.

Viens habiter ma tête! Viens y rayonner comme un matin d'été. Viens lever ton jour sur mes nuits infécondes.
Ouvre-moi au pardon comme lèvres au sourire.

Je t'aime.

Christiane Elmer

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