Palmeraies à outrance... / Eric Bajart_Wikicommons

Derrière les palmeraies à huile se cachent aussi des banques suisses !

En Indonésie, les fabricants d'huile de palme se retrouvent souvent sous les feux de la critique en raison de leur non-respect des droits humains et de la législation en vigueur. Toutefois, la plupart du temps ils bénéficient des services de banques et d'institutions financières suisses. Pain pour le prochain et Action de Carême demandent que ces dernières assument leurs responsabilités et respectent les normes reconnues internationalement. Pour la campagne œcuménique 2017, nos organisations appellent à ce que "la terre soit source de vie, pas de profit".

Planter des palmiers à huile peut avoir un impact écologique et social majeur. Les banques et établissements financiers suisses en savent quelque chose. " Les monocultures de palmiers à huile détruisent le sol, s'approprient les ressources d'eau disponibles et menacent l'existence des peuples et des communautés autochtones ", affirme Kartini Samon, l'invitée indonésienne de la campagne œcuménique 2017. Les palmeraies à huile représentent un marché juteux, car les besoins en capitaux sont énormes. Afin de ne pas financer de projets qui ne soient pas conformes aux droits humains ou aux normes environnementales, les banques suisses ont adhéré à des règles internationales et à des principes de l'ONU. En outre, à l'instar du Crédit Suisse, elles se dotent de directives internes afin d'éviter toutes retombées négatives que pourrait avoir ce type d'activités. Pourtant, à regarder de plus près la situation dans le Kalimantan occidental, en Indonésie, force est de constater que " les entreprises établissent leurs palmeraies sans l'approbation préalable des villageois et sans même les faire participer à la prise de décision. Ceci est contraire aux droits humains ", déclare Miges Baumann, responsable Politique de développement de Pain pour le prochain. "Des palmiers sont même plantés dans des tourbières, des zones marécageuses, voire sur des pentes raides, bien que cela soit interdit ".

Des banques suisses aussi impliquées dans ces activités controversées
Le commerce d'huile de palme fait florès. Ces dernières années, rien que dans le Kalimantan, des dizaines de milliers de kilomètres carrés de forêt tropicale qui servaient à nourrir les populations locales ont été déboisés pour y planter des palmiers. Or les multinationales dans l'huile de palme ont souvent recours à des banques suisses pour lever les capitaux nécessaires à leurs opérations. L'organisation néerlandaise Profundo a étudié les liens unissant onze banques et gestionnaires de fortune à vingt des plus importantes multinationales du secteur, qui exploitent des palmeraies ou font commerce d'huile de palme, en Indonésie et en Malaisie, dans la période entre 2009 et août 2016. Dès lors qu'elles établissent des palmeraies, ces multinationales se rendent régulièrement coupables de violations des droits humains et des normes environnementales contraignantes sur le plan international. Des recherches effectuées par Walhi, une ONG partenaire de Pain pour le prochain en Indonésie, ont mis au jour les infractions commises par Bumitama et IOI Corporation, deux entreprises pour lesquelles des banques suisses ont placé des actions et des obligations, à qui elles ont accordé des crédits ou opérations, auxquelles elles ont participé financièrement. Totalisant à lui seul USD 901 millions, le Crédit Suisse remporte la palme de la banque la plus activement impliquée sur cette période, mais à fin août 2016, la banque J. Safra Sarasin détenait elle aussi des actions d'IOI d'une valeur d'USD 266 millions dans ces livres de comptes. Récemment, Bumitama et IOI ont été vivement critiquées en raison de leur non-respect des droits humains et des normes environnementales en vigueur.

Les banques doivent observer la loi et leurs propres principes
Les palmeraies à huile, tout comme les mines et la filière du bois ont d'indéniables velléités d'expansion. Ces secteurs sont en outre connus des banques pour leurs manquements en matière de droits humains et de normes environnementales. C'est la raison pour laquelle celles-ci se sont dotées de leurs propres directives. " Ces clarifications et ces outils d'aide à la prise de décision dans la mise en œuvre des normes internationales n'ont que peu d'utilité si les banques ne s'assurent pas que leurs clients les respectent ", constate Miges Baumann. " C'est ce qui ressort de notre comparaison entre les directives du Crédit Suisse et les constatations faites sur place, dans des palmeraies du Kalimantan occidental dont la société-mère a profité des services fournis par cette grande banque suisse ".
Action de Carême et Pain pour le prochain exigent donc des banques et des institutions financières suisses qu'elles assument leurs responsabilités lorsqu'elles financent de tels projets et qu'elles insistent sur le respect du droit international dans toutes leurs activités.

Ce site web utilise des cookies. Par la navigation que vous y poursuivez, vous en acceptez l'utilisation et donnez votre consentement avec notre politique de protection des données.