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Eglise: Divergences autour des divorcés remariés et des homosexuels

(cath.ch-apic) Le 20 octobre 2015, presque au terme du synode des évêques sur la famille qui s'est tenu à Rome trois semaines durant, plusieurs pères synodaux ont dévoilé dans la presse leurs propres opinions divergentes sur des sujets délicats comme le problème des divorcés remariés ou des homosexuels.

Avec près de 360 participants, cette seconde assemblée après le synode d'octobre 2014, a laissé plus de place aux débats en groupes linguistiques. Tandis que le cardinal Gerhard Ludwig Müller plaide pour un accès aux sacrements selon la "conscience" des divorcés remariés en examinant les cas particuliers, le cardinal George Pell se montre opposé à une approche continentale ou régionale de ce sujet. L'évêque anglais Mgr Peter Doyle regrette le peu de place accordée aux homosexuels dans les débats. Dans un entretien publié dans la revue allemande "Focus", le cardinal allemand Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a évoqué la possibilité d'accorder la communion aux divorcés remariés "en examinant les situations et les cas particuliers". Il a suggéré notamment une possibilité d'accès aux sacrements "selon leur conscience". Le prélat a cité l'exhortation apostolique "Familiaris Consortio" de Jean Paul II (1981), soulignant la nécessité de "discerner les situations avec responsabilité à la lumière de la pensée théologique". Le texte reconnaît en effet diverses situations "entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide". Il évoque encore "ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide".

Une Eglise universelle, et non continentale
"On ne peut pas avoir deux personnes dans la même situation (...), et qu'alors que l'accès à la communion de l'un soit considéré comme un sacrilège, dans le pays voisin, ce soit considéré comme une source de grâce !" C'est ce qu'a affirmé pour sa part le cardinal australien George Pell, préfet du Secrétariat pour l'Economie, dans une interview à l'agence de presse catholique américaine CNA. "Catholique, cela veut dire 'universel', pas 'continental'", a aussi tranché le haut prélat australien. Une façon, pour le chef de dicastère, d'exprimer sa vive opposition à l'idée proposée par certains pères synodaux d'avoir une approche continentale ou régionale pour traiter les questions sensibles, comme celle de l'accès à la communion pour les divorcés remariés.

Plaidoyer pour une décentralisation de l'Eglise
Le 17 octobre, le pape François avait lui-même appelé de ses vœux une "décentralisation salutaire" de l'Eglise au profit des épiscopats locaux. Des propos à la signification particulière alors que plusieurs pères synodaux réclament, dans la Salle du synode, une plus grande décentralisation à travers plus de pouvoir accordé aux conférences épiscopales locales pour traiter les questions relatives à la famille. Mgr Peter Doyle, évêque de Northampton (Angleterre), a exprimé le 19 octobre au micro de Radio Vatican sa préoccupation pour l'accueil des personnes homosexuelles, regrettant que les débats n'aient pas "fait face à ces questions" mais les aient plutôt écartées, faute de "savoir quoi répondre pour le moment". Notant que la doctrine de l'Eglise "ne laissait pas de place à des relations entre personnes de même sexe", l'évêque, qui a reçu un groupe LGBT avant le synode, a estimé que cette question "difficile" mériterait à elle seule un synode qui lui serait dédié.

Les voix de "peur" ne sont pas la voie de l'avenir!
L'évêque australien Mark Coleridge assure que les voix "de peur" et "de panique" ne peuvent montrer la voie de l'avenir au Synode des évêques sur la famille. Dans une chronique publiée le 20 octobre 2015 sur le site internet de l'archidiocèse de Brisbane, il espère des "surprises" dans le document final de l'assemblée. Le prélat australien exprime notamment sa "grande surprise" devant les réactions "féroces" après ses remarques "tout à fait modérées" durant la conférence de presse de la veille. "Twitter a été une écume d'invectives", déplore-t-il. Des réactions qui donnent l'impression que "si vous touchez un seul iota, non pas tant de ce que l'Eglise enseigne mais de ce qu'a été sa pratique pastorale ou de la façon dont sa vérité a été exprimée, alors l'édifice entier construit depuis 2000 ans s'écroulera". Non à un passé imaginé ou idéologisé Le prélat analyse dans ces réactions "les voix de peur, et même de panique" qui se sont aussi exprimées dans la Salle du synode. Pour Mgr Coleridge, "cela ne ressemble pas à l'Esprit Saint" et "ces voix, désespérément accrochées à un passé imaginé ou idéologisé, ne peuvent pas montrer la voie de l'avenir". Rapporteur d'un groupe de travail anglophone, Mgr Coleridge évoque également l'élaboration des amendements des "Circuli minores" sur la troisième partie de l'"Instrumentum laboris", qui seront présentés en congrégation générale dans l'après-midi du 20 octobre. Ces "modi" seront ensuite donnés à la commission de la "Relatio finalis", dont les 10 membres travaillent "d'arrache-pied", affirme l'évêque australien. Le pape François leur a d'ailleurs rendu une visite à l'improviste, le 19 octobre, leur souhaitant bon travail et les exhortant à lui donner un bon document. (apic/imedia/ak/bl/be)

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