Une caresse, au hasard d'une rencontre / Chr. Elmer

Eloge des petits émerveillements

Et si nous regardions ce monde avec d'autres yeux ? Comme le regardent les enfants ou les personnes d'un âge certain ou celles revenues de loin ?

Et si nous regardions ce monde avec d'autres yeux ? Comme le regardent les enfants ou les personnes d'un âge certain ou celles revenues de loin ?

Que seraient nos aubes sans oiseaux, nos matins sans l'espérance de la lumière, nos cuisines sans le fumet du café et nous, sans regards aimants sur nous ?
Que reste-t-il de notre vie si on lui ôte ses drames et ses bonheurs intenses ? Que reste-t-il de notre vie si on lui ôte ses drames et ses bonheurs intenses; si on l'ampute de tous ces jours particuliers où l'on a rencontré, mis au monde, quitté et pris congé ? Sans tout cela, notre vie ne garderait sans doute que l'essentiel: la banalité. Une banalité qui colore notre quotidien d'une tonalité que nous ne voyons même plus. Banalité habituelle, ennuyeuse, prévisible, inintéressante, comme en marge de la "vraie vie".

Comment est la banalité de votre existence quand vous ne riez pas et que vous ne pleurez pas ? Dieu y aurait-il une place puisque - dans ce ronron des jours sans histoire - il n'y a apparemment pas de quoi le remercier pour service rendu ou de quoi le supplier pour l'obtention d'une grâce. Dieu est-il inscrit dans notre routine ? Dans ces moments où il ne se passe rien, où l'on ne se sent ni spécialement heureux, ni spécialement malheureux; ceux où l'on est juste... vivants. Mais le sent-on ? Le sent-on vraiment qu'on est vivants ? Pourquoi alors nous éteindre quand la souffrance et la joie ne nous étreignent plus ? Faut-il souffrir ou jubiler pour vibrer ? Faut-il frôler la mort pour vivre ? Toucher le fond pour remonter ? Perdre la vue pour voir plus loin ?

Sans doute est-il temps d'émerveiller nos matins, d'éclore nos jours et d'exhaler nos nuits.
De respirer corps et âme, de se délecter, écarquillés, grisés...
Temps de s'ancrer dans l'instant. D'un sourire accordé, d'un arbre en floraison. Temps de humer le soupir salin de l'écume, l'odeur tiède d'une averse.
Temps de douceur sous ma paume, sur le velours de ce chat, prélassé au soleil...
Tous ces petits riens engoncés dans l'ennui, au cœur d'un ordinaire par moments affadi.
Tant d'émerveillements, mon Dieu !
Une infinité de tout, de Toi, qui redonne à nos heures leur sel et éclaire, à ravir, nos lueurs blafardes.

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