En danger est l’innocence

Jean-David Christinat écrit pour libérer l’indicible. Abusé dans sa jeunesse, il est un rescapé de l’autodestruction.

Jean-David Christinat écrit pour libérer l’indicible. Abusé dans sa jeunesse, il est un rescapé de l’autodestruction.

Il est des parcours de vie qui, plus que d’autres, ressemblent à des chemins de croix. Tel celui de Jean-David Christinat qui a survécu à un passé chaotique et a su rebondir grâce à l’écriture. Celui qui aime jouer avec les mots en leur insufflant une gravité à la fois légère et cinglante, écrit comme on crie et pleure comme on prie. Ses psaumes à lui.

Né au Brésil voici 40 ans, victime de la négligence – ou maltraitance - de ses « géniteurs » - « Né de paire inconnue et de mer trouble » écrit-il à leur propos -, il est placé dans un orphelinat puis adopté à l’âge de trois ans par un couple de Genevois. Un père adoptif pasteur et une mère également issue d’un milieu pastoral. « Mais ça ne s’est pas très bien passé avec eux », confie Jean-David. Une enfance abusée, à nouveau trahie. « Les actes ne suivaient pas ce que j’entendais prêcher à l’église ». Un milieu étouffant. La loi du silence et de l’apparence. « Entre mes 17 et mes 20 ans, je me suis prostitué. Pour me faire du mal ». Inexorable descente aux enfers, dans les affres de l’alcool, de la drogue et du non-sens. Mais pourquoi n’avoir rien dit ? « Je n’étais pas convaincu que la parole soit une libération. J’ai préféré l’écriture. J’ai commencé à écrire avant même d’arrêter la prostitution. D’abord des nouvelles, puis des recueils de poésies. » Des textes percutants, qui jonglent avec le double sens, la connivence et la consonance, et qui s’adaptent à une mise en musique, tel le clip « En danger est l’innocence ». Lien Youtube du clip :

https://www.youtube.com/watch?v=ICKzLaefxn0

Une vie après le tombeau

Croire ? La foi, dans ce labyrinthe des douleurs, cherche sa voie. La figure de Dieu le Père est problématique pour qui n’a pas connu l’amour paternel. Aimer ? Comment cela, quand on ne s’est pas senti aimé ? Pardonner ? « La blessure doit être pensée puis pansée. Je suis en chemin vers le pardon ; j’ai fait en partie la paix avec mon histoire ». Ecrire ? Sa bouée de sauvetage ! Cependant, si l’écriture nourrit sa vie, elle ne suffit pas à faire bouillir la marmite. « Je suis concierge d’immeuble, pour payer mes factures ». Heureux ? « Je suis capable de connaître des moments de bonheur. Et j’ai eu la joie de me marier. On peut se battre pour les autres et trouver une raison d’exister. J’ai foi en l’être humain. C’est en lien avec ma foi en Dieu. Même quand on a été détruits, il y a une vie après. Après le tombeau. »

Propos recueillis par Christiane Elmer


« Si l’on dit que les coups pleuvent,

est-ce parce que l’éclaircie

vient toujours après l’épreuve ?

Les preuves que je suis en vie… »

Extrait de « En danger est l’innocence », de Jean-David Christinat.

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