Transit... future salle d'embarquement aéroport d'Orly

En transit

Nous vivrons ces jours prochains les 9 jours séparant l'Ascension de Pentecôte. Nous avons sans doute pu, depuis l'annonce de la Résurrection, nous incliner plus profondément devant la majesté du Christ en gloire. Nous avons pu peut-être lui confier plus intimement nos joies et l'ensemble de nos peines. Nous avons vécu de belles transitions pascales dans nos vies et dans nos paroisses. Mais voilà que ce temps se termine. Transition...

"Je serai avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20) 

Nous achèverons ces jours le mois de mai, mois de Marie. Nous avons pu peut-être plus particulièrement lui confier toutes nos joies et l'ensemble de nos peines. Si nous avons eu le temps, l'envie ou le besoin, nous avons pu nous réunir pour prier ensemble un chapelet. Mais voilà que le mois de Marie se termine. Transition...

Nous sommes appelés quotidiennement à vivre des transitions, parfois salutaires, quelques fois douloureuses... ces transitions nous mènent parfois vers des orientations que nous n'avions pas pensées au départ. Notre posture chrétienne nous invite constamment à vivre des transitions, des passages, des chemins où nous sommes invités à intégrer pleinement une identité en transit. En mouvements.
Avons-nous déjà réfléchi aux transitions qu'ont dû vivre les apôtres entre Gethsémani et la Pentecôte ? Quels étaient leurs mouvements intérieurs, leurs peurs, leurs doutes et surtout leurs espérances ? Comment ont-ils géré la transition entre le fait de côtoyer le Christ chaque jour, le fait de le voir crucifié et le fait de le reconnaître - en gloire - avant de le voir...disparaître ? Et si nous rétrécissons encore le zoom sur le cœur du disciple Pierre : de quelle intensité a été sa torture devant ses limites ? Et plus encore lorsque Jésus lui insuffle un nouvel élan de vie, sur ces mêmes braises dont était issu son reniement ? Ces témoins privilégiés ne sont pas loin de nous tous : nos doutes constants, nos peines quotidiennes, nos maux et nos mots sont exactement les mêmes qu'il y a 2000 ans. Si nous y sommes attentifs, nous lisons même entre les lignes des textes d'Evangile - qui nous sont proposés ces prochains dimanches dans les liturgies - que nous y sommes pleinement intégrés. Que les passages qu'ont dû vivre les disciples, puis les apôtres et enfin ceux qui ont eu l'audace d'écrire le parcours du Christ ici-bas sont les mêmes que ceux que nous devons vivre chaque jour !

Nous sommes chrétiens en transition : nous vivons pleinement l'ici et maintenant en gardant fort à l'esprit (!) que nous devons continuer d'être sans cesse prêts à repartir, à changer. Car être en transit signifie, spirituellement tout au moins, ce que nos homologues germanophone nomment par le fameux "das schon und das noch nicht". Quelque chose de l'ordre de la présence du Christ est définitivement acquis mais son action n'est pas encore pleinement accomplie dans les siècles. Oui, c'est ici et maintenant que nous pouvons rendre grâce, louer et célébrer ce Dieu de tendresse qui nous a définitivement sauvés par son fils Jésus. Oui, c'est ici et maintenant que nous pouvons prier Marie, mère du Christ, qui intercède pour chacun auprès du Père. Oui, ici et maintenant nous pouvons nous ouvrir pleinement à la mouvance de l'Esprit Saint qui saura nous mener là, d'où nous devrons repartir !
Mais nous savons que c'est ailleurs et dans un autre temps que notre espérance est ancrée. C'est là, dans cet espace si ténu entre la vie et la mort que la force de la Résurrection nous a aidés, nous aide et nous aidera encore pleinement à vivre toutes nos transitions dans cette vie et dans l'éternité.

François Crevoisier, aumônier des aînés

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