Claire-Lise Salzmann / Chr. Elmer

"Je veux vivre éveillée !"

" Les gens ne témoignent pas assez de leur foi ! " s'exclame Claire-Lise Salzmann, ravie de confier ce qui l'anime. Souriante, sereine, pétillante, la jeune retraitée (été 2014) a quitté la voie de l'enseignement pour se consacrer à celle de l'intériorité. Une quête lumineuse qui emprunte les sentiers de la prière, du Shibashi, de l'exercice spirituel et des sentiers pluriels de la vie.

Elle est reconnaissante. Reconnaissante d'avoir du temps. Pour elle et pour les autres. D'avoir de quoi vivre décemment; d'être entourée d'êtres chers. Reconnaissante, aussi, d'avoir cette faim de Dieu au ventre et dans le cœur. Une faim comme un appel, qui nous dépasse et nous propulse, là où - peut-être - on n'aurait jamais pensé aller. " Je suis originaire du Haut-Valais. J'ai donc grandi dans la foi catholique. Dans les années 80, j'ai quitté l'Eglise car l'Institution m'était difficile. Pourtant, durant la trentaine d'années où j'étais hors de l'Eglise, je n'ai jamais perdu la foi. Mais elle n'était pas le sel de ma vie". Depuis quelques années, Claire-Lise Salzmann vit en communauté avec d'autres gens, engagés dans l'Eglise. En côtoyant ces personnes au quotidien, elle a été confrontée à une autre vision des choses "J'ai vu mes ami(e)s vivre l'Eglise de l'intérieur et cela a changé mon regard". Peu à peu, elle s'est sentie interpellée et s'est mise à chercher Dieu. "J'avais en moi cette question lancinante: "Dieu, c'est qui, pour moi?" Depuis, Claire-Lise est en route. Elle a réintégré l'institution catholique, mais elle poursuit son cheminement en suivant aussi d'autres sentiers. C'est son tracé de lumière à elle. "Oui, je me sens en chemin. Et je veille à rester éveillée. A tous les niveaux. Ce temps de la retraite qui s'ouvre à moi, je vais le vivre comme un temps d'ouverture à autre chose. Un temps de croissance."

Au fil des jours...
"Je me lève tôt, avant tout le monde. Puis, je médite, prie, pratique du Shibashi (mouvement encore intimiste en Suisse romande, le Shibashi allie gymnastique d'origine chinoise et spiritualité chrétienne. C'est une technique méditative pour s'ancrer dans l'instant présent). Cela me permet un ancrage avec la Terre, éveille la source qui est en moi et me remet debout." Parfois, Claire-Lise s'occupe de ses deux petits-enfants, écoute de la musique, prépare les repas, se rend en Valais... "J'ai la chance de ne pas être seule, d'exister aux yeux des autres." Pour elle, la relation est importante. Que ce soit avec soi, avec Dieu, avec les autres, le monde ou l'Eglise. "Sans relation, on n'existe plus."

Cheminement spirituel
Depuis quatre ans, elle se rend tous les trois ou quatre mois chez Sr Agnès, de la congrégation des Sœurs de St-Paul, à Boncourt. "Elle est ma conseillère spirituelle. J'avais en moi, je vous l'ai dit, cette question: "Qui est Dieu pour moi?". Depuis, ensemble, nous cheminons." Et Claire-Lise raconte qu'elle a une amie anglaise qui pratique la méditation bouddhiste. "J'en ai fait un peu avec elle, mais j'avais l'impression qu'il me manquait une dimension. Il me manquait, en fait, la dimension divine. Puis, comme "par hasard", je suis tombée sur un article paru dans "La Vie" où il était question de méditer, tout en étant chrétien. On y conseillait un livre, que j'ai acheté, et tout a commencé." Ce livre, explique-t-elle, c'est "Talitha Koum" (Eveille-toi, en hébreu), de Patrice Gourrier, prêtre à Poitiers, paru aux Editions Desclée de Brouwer. Cet ouvrage propose un cheminement spirituel sur douze mois. Les textes sont notamment ceux des Pères du désert. "C'est un livre à vivre, s'exclame Claire-Lise, radieuse. Un retour aux sources du christianisme qui propose des exercices, des haltes, des respirations et des rituels pour signifier et redire une Présence. Cet ouvrage me fait découvrir Jésus et m'encourage à relire les Evangiles, mais avec un autre regard."

Devenir prière
Claire-Lise a toujours son dizainier sur elle. Certains ont en permanence leur téléphone portable sous les doigts. Elle, elle égrène son chapelet. Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'a pas de mobile!... "Mon dizainier, dans ma poche, c'est ma manière à moi de rester en communication avec Dieu, bien ancrée dans cette relation, surtout quand je me sens énervée!". Assurément, Claire-Lise va de l'avant. Et aspire, toujours plus, à s'inscrire dans la prière perpétuelle. "C'est ardu. Mais je persévère", confie-t-elle dans un sourire limpide. Tout se rejoint, se complète, se donne sens et renvoie à un plus de Lumière, de paix et de confiance. Ainsi la pratique régulière des 18 exercices du Shibashi lui a-t-elle permis de se rendre compte que "Talitha Koum", c'est vraiment rester dans une attitude éveillée et connectée. "Imaginez les millions de paroles et de prières qui s'élèvent à chaque instant dans le monde chrétien! Toutes ces messes célébrées chaque jour, un peu partout, c'est une telle force!" Et c'est pleinement consciente de tout cela que Claire-Lise est revenue à l'Eglise catholique et a été amenée à suivre la voie spirituelle qui est la sienne. "Je n'éprouve plus cette solitude existentielle d'autrefois. Le Divin est en moi. Par toutes mes cellules, par mon souffle, j'entre en communication avec Dieu."

Fitness spirituel
Lorsqu'on choisit l'ascèse, par faim de Dieu, on s'astreint librement à un entraînement. "Il faut que ça s'incarne, ça prend du temps et c'est difficile" précise Claire-Lise. Et il s'agit aussi de bien garder en soi cette injonction, véritable appel à la confiance: "Que ta volonté soit faite". Elle ajoute qu'elle engrange, consciemment, des émotions positives. Qu'elle se veut reliée, éveillée, attentive à rester calme pour offrir à Dieu un espace intérieur de qualité. Sacré chemin que celui de Claire-Lise. Chemin sacré, sans aucun doute.

Christiane Elmer

Ce site web utilise des cookies. Par la navigation que vous y poursuivez, vous en acceptez l'utilisation et donnez votre consentement avec notre politique de protection des données.