Chatoyante, unique... / ldd

La belle église d'une belle communauté

L'abbé François-Xavier Gindrat, curé francophone de Ste-Marie et membre de l'équipe pastorale francophone de l'Unité pastorale Bienne-La Neuveville, affectionne tout particulièrement cette église...

Lorsque l'abbé François-Xavier évoque l'église de Ste-Marie, ses yeux pétillent. "C'est un lieu qui invite à la joie, dit-il dans un grand sourire. Une église qui parle au cœur." C'est évident: il l'aime. Il l'aime parce qu'il s'y sent bien, parce que c'est lumineux, chatoyant, vaste et rassurant à la fois. Et aussi parce que c'est beau, non conventionnel et témoin d'une communauté qui a dû se battre au fil du temps.
Inscrite dans une Tradition, chargée d'histoire, d'épisodes tumultueux, d'émotions fortes, d'espérance vive, Ste-Marie ose laisser jaillir sa joie. Elle le fait par l'intensité de ses couleurs, l'immensité de ses volumes et ses audaces architecturales. " J'aime beaucoup l'expressionnisme, confie l'abbé Gindrat. C'est un mouvement artistique qui traduit les aspirations et les peurs; à l'image du fameux "Cri" de Munch. Il s'en dégage une tension profonde entre une quête de paix et de quiétude et la réalité d'un monde violent, déchiré par une idéologie destructrice..."

Ste-Marie a vu le jour dans un contexte délicat. "Elle est née pauvre et mendiante et elle l'est restée très longtemps", peut-on lire dans "125 ans de vie catholique à Bienne", de l'abbé Pierre Salvadé, paru en 1984. Un petit rappel des faits s'impose: suite à la Réforme, le culte catholique est interdit dans notre région, devenue protestante. "Cependant, on trouve une minorité catholique dès 1850. En effet, les catholiques ont acquis peu à peu le droit de cité, même s'ils n'ont pas le droit de culte. Il faut certainement y mettre le prix: pour un catholique de langue française, le devoir dominical le conduira - à pied le plus souvent - jusqu'au Landeron; et pour un Alémanique, à Granges ou à Soleure.

Puis survient le Kulturkampf où le culte catholique romain est interdit... L'église de Ste-Marie est indûment confisquée par les vieux-catholiques... "La paroisse vieille catholique qui, après avoir ravi l'église, se trouva débitrice de la somme de Fr. 15'000 francs, céda pour cette même somme ladite église à la commune municipale de Bienne dont les 19/20 étaient de confession protestante. La vente odieuse de cette église construite péniblement grâce aux oboles des catholiques romains reste une des pages les plus noires du Kulturkampf bernois." (Lettre de l'abbé Léon Rérat à Renée Bieri en 1922/23)
Luttes, souffrances, frustrations, objets confisqués ou saccagés: l'église de Ste-Marie a connu son pesant de tumultes. Dans les années 1930 et même après Vatican II, certains éléments ont été sauvagement détruits parce que le curé du moment, probablement, en avait décidé ainsi. "On ne pourrait plus procéder de la sorte de nos jours, et c'est tant mieux!" s'indigne l'abbé François-Xavier Gindrat. "Etre chrétien, c'est ne pas chercher avant tout à plaire aux gens. L'Evangile, d'une certaine manière, est subversif; le message du Christ est non conventionnel. Et c'est aussi ce qui me plaît dans cette église. De par son histoire chargée, la foi tenace de sa communauté, l'insolence de son architecture, la puissance de son esthétisme, elle n'est pas, elle non plus, conventionnelle !", s'exclame-t-il, l'œil vif.

Rassemblés autour de Marie
Le fait que cette église soit consacrée à la Vierge Marie réjouit le jeune abbé. "C'est quelque chose du Ciel qui nous est manifesté; Marie qui donne son Amour à son Fils et aux enfants que nous sommes".
Oui, chaleureuse, "maternelle", immense et proche à la fois, cette église parle au cœur. "Comme elle est très expressive, elle touche sans doute plus encore les communautés allophones de notre ville. Avec son Chemin de croix, ses verrières, ses ocres et ses bleus, elle rejoint les gens dans leurs émotions. Avec ses vitraux, ses mosaïques, ses statues, ses contrastes, ses intenses et son volume décloisonné, Ste-Marie permet une catéchèse tout à fait intéressante et des plus explicites. C'est d'autant plus important à Bienne, dans une ville aussi pluriculturelle!" Enfin, ce qui plaît encore à l'abbé François-Xavier, c'est que Ste-Marie - malgré son vaste espace - a su rester "intime". "On y vit une certaine proximité, même si l'on est inscrit dans un grand volume. Une proximité également liturgique, avec les bancs en demi-cercle autour de l'autel, ou encore entre les paroissiens. Puisque toute l'église semble suspendue dans le vide, sans aucun pilier porteur, les gens se sentent reliés et en communion."

Le guide d'art consacré à l'église Ste-Marie est disponible aux trois secrétariats (Ste-Marie, St-Nicolas et Christ-Roi) de Bienne au prix de Fr. 14.- Ce guide a été édité en collaboration avec la paroisse catholique romaine de Bienne et environs. Merci à toutes celles et ceux qui ont soutenu, d'une manière ou d'une autre, ce beau projet !

gsk@gsk.ch

www.gsk.ch

Ce site web utilise des cookies. Par la navigation que vous y poursuivez, vous en acceptez l'utilisation et donnez votre consentement avec notre politique de protection des données.