J'apprécie tellement le message de l'apôtre Jean, lequel dans sa 1re épître écrit : " Qui n'aime pas n'a pas découvert Dieu, puisque Dieu est Amour " (1 Jn 4,8). Jean, par son regard posé sur Jésus, Fils de Dieu, a fait l'expérience de ce Dieu Amour. Jésus, Lui-même, prononcera un mot, connu chez les prophètes, par exemple, qui exprimera encore plus fortement cet amour. Il parlera de la miséricorde. Un jour, il disait : " Allez donc apprendre ce que signifie : 'C'est la miséricorde que je veux, non le sacrifice'. "(Mt.9,13).
Dieu est Amour, oui, il est Miséricorde. Cela veut dire : il est Dieu, qui vit l'empathie, la compréhension et qui ne peut pas ne pas pardonner à l'homme, qui se tourne vers lui avec repentir. Il y a en Dieu un " Trop-Plein d'Amour ", qui veut embraser tous les coeurs. C'est cela, la miséricorde. Les jeunes, d'ailleurs, qui ont toujours une place très importante dans ma vie, saisissent très bien qu'il n'y pas de distance entre Dieu et Dieu, qui aime, donc qui est miséricordieux. Nous, nous mettons notre foi en ce Dieu, qui est Amour, en ce Dieu, qui est Miséricorde. Notre acte de foi ne peut pas ne pas déclencher en nous la même attitude de miséricorde, que Dieu a vécue. Je veux dire : notre foi et notre miséricorde, c'est inséparable, comme c'est le cas chez Dieu, de façon parfaite. Cela veut dire : je suis appelé dans ma vie quotidienne à vivre la même attitude de Miséricorde que celle de Dieu : la miséricorde, qui va...jusqu'à l'infini.
Aujourd'hui cette mise en pratique de la miséricorde me fascine et, en même temps, me préoccupe beaucoup, cela d'autant plus que ce vent de la miséricorde est appelé à souffler très fort dans la vie de l'Eglise, pour que le monde, lui aussi, en soit bénéficiaire. La 1re partie du Synode des évêques - la 2e partie ayant lieu dans moins d'une année - nous relate tant de discussions passionnées et de commentaires variés sur des réalités que vivent les couples et les familles. Parmi ces réalités de vie, il y en a une qui soulève en moi un grand souci et qui fait " la une " des journées et des médias : la place des personnes divorcées-remariées dans l'Eglise. Je suis très en souci avec les réflexions menées au sujet de l'accès ou non aux sacrements pour les personnes divorcées-remariées et qui semblent ne pas avoir de fin. Justement à ce propos, je demande vraiment que nous ne freinions pas la miséricorde infinie de Dieu, en mettant ou en voulant mettre des barrières à la nôtre. La miséricorde de Dieu est infinie. Elle l'est d'autant plus pour le cœur qui se tourne vers Dieu. Je ne perds pas courage. Il faut le rappeler : Cette 1re partie du Synode a permis une grande réception de tant d'idées à ce sujet comme envers d'autres. Il y a eu " une grande écoute " et " des débats passionnants ". C'est bien ainsi. Nous savions, aussi presque par avance, qu'il n'y aurait pas de grandes décisions concrètes, qui seraient prises, cette fois-ci. Les Pères du Synode, à savoir les Présidents des Conférences Episcopales du monde, sont rentrés à la maison. Maintenant ils sont appelés, avec leur propre Conférence épiscopale, à préparer la 2e session du Synode, qui dans une année sera aussi déjà terminée. Nous devons continuer la réflexion, bien sûr. Tant que nous n'aurons pas fait, cependant, le lien entre l'acte de la foi et l'acte de la miséricorde, à quoi peuvent servir nos délibérations? Il faut vraiment que l'Esprit-Saint nous fasse vivre au rythme de la miséricorde infinie de Dieu. Cela est possible si nous comprenons enfin que la miséricorde est le fruit de notre acte de foi. La foi vécue déclenche la miséricorde infinie dans le cœur.
Mgr Denis Theurillat, évêque auxiliaire de Bâle