Photo: Elisha Goldstein

La Miséricorde: suivre son coeur

Cette Année porte, pour l'Eglise catholique, les couleurs de la miséricorde. C'est le pape François qui l'a décrété. Mais quel est le sens de ce mot ? Quelques précisions avec l'abbé Nicolas Bessire, membre de l'équipe pastorale francophone de Bienne.

La miséricorde, c'est quoi ?
Ce terme englobe beaucoup de choses. C'est un mouvement du cœur, une bonté qui incite au pardon ou à l'indulgence envers une personne coupable d'une faute, et qui s'en repent. En théologie, la miséricorde divine est la bonté de Dieu, qui lui fait pardonner leurs fautes aux hommes, qui renouvelle l'homme dans sa dignité pour qu'il puisse se relever et que puisse s'accomplir pour lui le dessein d'amour de Dieu. Et puis, la miséricorde, c'est aussi nous, hommes et femmes de tous temps, invités à la pratiquer puisqu'ils sont tous à l'image de Dieu. Littéralement, en hébreu, le mot miséricorde désigne le sein maternel, les entrailles du Seigneur, puis la tendresse qui en est issue. Une tendresse miséricordieuse, un pluriel de plénitudes. La miséricorde, c'est donc la tendresse maternelle de Dieu pour son peuple et ses enfants; pour les petits et pour les pauvres.

C'est de la compassion, en somme ?
Oui, mais pas seulement. Dans la Bible, selon les traductions, on traduit le mot miséricorde par "compassion". C'est le cas dans la traduction de la Bible par Louis Segond, la Bible protestante. Dans celle de Jérusalem, on traduit la miséricorde par le mot amour. En résumé, la miséricorde, c'est toute cette attitude accueillante envers l'autre; c'est avoir un cœur pour le pauvre, prendre le pauvre sur son cœur, avoir un cœur de pauvre...

Pourquoi une année de la Miséricorde ?
Dans la bulle d'indiction, c'est-à-dire le document par lequel le pape annonce ce Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, il dit: "il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante à fixer notre regard sur la miséricorde afin de devenir, nous aussi, signes efficaces de l'agir du Père." Il explique que c'est pour cette raison qu'il a voulu ce Jubilé extraordinaire de la Miséricorde. Pour en faire un temps favorable pour l'Eglise et pour que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace.

Quelles manifestations sont prévues ?
Cela a déjà commencé par l'ouverture de la porte sainte, à la Basilique St-Pierre et dans les basiliques majeures de Rome. Et, comme pas tout le monde ne peut se rendre à Rome, il est possible, à travers le monde, dans les diocèses, de passer la porte sainte. Ainsi, près de chez nous, il y a une porte sainte dans la cathédrale de Soleure où l'on peut aller vivre ce qui est proposé: obtenir l'indulgence puisque, avec ce jubilé, il y a une remise totale des fautes, particulièrement de la peine conséquente des fautes qu'on a pu commettre. Et puis, pas moins de 21 célébrations sont prévues avec des accents sur des groupes divers (familles, jeunes, malades...) En septembre, la probable canonisation de Mère Teresa devrait constituer un temps fort de cette année sainte. Enfin, l'année de la Miséricorde met bien évidemment l'accent sur le pardon et le sacrement de la réconciliation.

Qu'en est-il des Œuvres de miséricorde ?
On en donne deux sortes dans l'histoire de l'Eglise: la miséricorde qu'on a appelée corporelle: nourrir les affamés, désaltérer les assoiffés, vêtir les personnes nues, accueillir les étrangers, les pèlerins, les gens dans le besoin, visiter les malades, annoncer la Bonne Nouvelle aux prisonniers et aux captifs et enterrer les morts; cette dernière notion a été rajoutée à la liste au XIIIe siècle. Puis, dans les Œuvres de miséricorde, il y a une dimension plutôt spirituelle: conseiller ceux qui en ont besoin, instruire les ignorants, exhorter les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offensés, endurer les injures avec patience, prier pour le prochain et pour les morts, et aussi supporter les défauts des autres...

Quelques exemples dans la Bible ?
Déjà dans la Genèse on découvre la miséricorde du Seigneur, qui épargne Loth, dans la destruction de Sodome et Gomorrhe, et où il est question de miséricorde. On en parle encore avec David, qui a échappé à beaucoup de traquenards qu'on lui a posés. Puis également à d'autres moments, chez les prophètes. Dans le Nouveau Testament, il y a le sermon sur la montagne où Jésus proclame (Mt 5,7): "Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde", pour nous inviter à vivre la miséricorde; puis avec St-Paul qui nous encourage à être miséricordieux comme le Père est miséricordieux. C'est un thème qu'on retrouve donc à travers toute la Bible, de la Genèse à l'Apocalypse.

Et nous, que peut-on faire ?
Il suffit de se laisser guider par son cœur, puisque la miséricorde, c'est d'abord ouvrir son cœur. A la pauvreté, à la misère, à ceux qui sont dans le besoin. Suivre son cœur pour se mettre au service des autres, pour aller vers eux, pour les aimer, tout simplement. A l'image de l'amour maternel de Dieu pour chacune et chacun d'entre nous. L'amour est la base de l'Evangile. Dieu est Amour; c'est le fondement de notre vie chrétienne.

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