Laissons-nous surprendre par Dieu

« Dieu de vie, nous voudrions nous tenir tout près de toi. En nous confiant à toi, nous recevons une joie du cœur. Et par cette joie intérieure, il nous devient possible de rendre la vie belle à ceux qui nous entourent. » Prière de frère Roger de Taizé.

Le pape François nous adresse cette invitation en ouverture de l'année sainte de la miséricorde. Durant le carême, temps donné par l'Eglise pour nous permettre une saine réflexion quant à notre lien avec Dieu et les autres, nous sommes invités à nous remettre en question. Que peut recouvrir, très concrètement, la surprise que Dieu nous réserve ?

Vivre le carême 2016 de manière spécifique, année de la miséricorde oblige, nous invite d'abord à ne pas théoriser sur la miséricorde, mais peut-être à recourir à elle, au nom du Christ, chaque fois que nous le pouvons. Écrire cela est déjà prétentieux: c'est justement à chacun de percevoir, de manière simple et lucide ce qu'il y a à changer en soi ou tout au moins à en être conscient dans nos vies quotidiennes en terme de relation, de justice, d'équité ou de pardon. Nous vivons tous avec des limites engendrant quelques fois des fonctionnements pas très...chrétiens !

Laissons-nous donc surprendre par Dieu. Cela est tout à la fois simple et compliqué: déceler au cœur de chacune de nos journées une étincelle de sa présence - ceci est relativement simple - ou se plonger dans une inspection sévère de chacune de nos paroles et de nos gestes - qui peut être déprimante et complexe. Ces pistes sont stériles et de plus attribuent un rôle à Dieu; un rôle de juge exigent et sentencieux. Cette Foi-là rejette le Dieu qui veut nous surprendre. En illustration, dans l'Evangile de Matthieu - Mt 9,13 -, Jésus affirme: "...je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pêcheurs. "

En cela, les écritures et l'Eglise nous montrent que Dieu n'exige aucun sacrifice ni privation de quelque ordre que ce soit: Jésus nous indique clairement " en face d'une vision de la justice comme simple observance de la loi qui divise entre justes et pécheurs, il indique le grand don de miséricorde (...) qui va à la recherche des pécheurs pour leur offrir le pardon et le salut. " Surprenant et immédiat: Dieu n'est qu'amour. Point.

Laissons-nous surprendre par Dieu: "voici le moment favorable pour changer de vie ! Voici le temps de se laisser toucher au cœur (...) voici le moment d'écouter pleurer les innocents dépouillés de leurs biens, de leur dignité, de leur affection ou de leur vie même." No comment.

Laissons-nous surprendre par Dieu: au-delà de l'observance sèche, implorante ou craintive du don des Sacrements, particulièrement celui du Pardon si critiqué et souvent rejeté actuellement; ce Dieu d'amour nous invite à une re-conversion immédiate. Sans concession d'aucune sorte. Sans conditions. Ou peut-être juste celle qui fait de nous des hommes limités en tout, mais conscients de potentiellement pouvoir faire mieux, des...vivants ! Reconnaissants et "re-naissants-avec" les autres, notre Dieu et son Eglise.

Alors ? Alors vient la joie, celle-là même qui nous pousse à l'action. Au pardon. Au partage. Aux Sacrements. Non pas une joie béate et simpliste de façades. Mais une joie menant aux larmes d'une miséricorde donnée et reçue.

Laissons-nous surprendre par Dieu. Laissons-nous surprendre par l'audace de nous-mêmes lorsque nous aimons ce que nous sommes, lorsque nous aimons ce que nous devenons, ensemble.

François Crevoisier

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