Vierge à l'Enfant: copie à l'huile de L. Gremaud, d'après Hans Fries, vers 1504. Original au Musée d'Art et d'Histoire de Fribourg.

Laudate Dominum !

On le voit très souvent à Bienne assister à l'une ou l'autre célébration. Réservé, tout intérieur, il poursuit sa quête de Dieu, surtout depuis le décès de sa femme. Au fil des ans et des saisons, il laisse la louange se répandre et imprégner sa vie. Et c'est par la calligraphie, la peinture et l'enluminure religieuses, par tous les dons que le Ciel lui a faits que Laurent Gremaud, de Douanne, rend grâce.

Ce fut un économiste. Mais, bien avant cela, ce fut un enfant passionné de cartographie et de dessin. A 13 ans, il dessinait les drapeaux des pays, en n'omettant aucun détail. Et réalisait un atlas. "Je voulais devenir peintre, sourit discrètement Laurent Gremaud, mais, en ce temps-là, devenir artiste, ça ne faisait pas sérieux. Mes parents n'ont pas voulu." Et il devint économiste.
A 50 ans, en prévision de la retraite, Laurent se mit à suivre des cours de peinture à l'huile. "Depuis, je n'ai plus arrêté. Cela fera 30 ans l'année prochaine."

De la Création à la Vierge...
Amoureux de la nature, l'artiste a consacré de nombreuses expos à ce thème. L'eau, les montagnes, les paysages l'ont toujours inspiré. "Plus c'est haut, plus c'est beau ! Je me suis toujours senti à l'aise dans la nature. En soi, la création est déjà une sorte de louange à Dieu." Un jour, Laurent Gremaud est frappé par la belle représentation de la Madone sur plusieurs blasons. "J'ai poursuivi mes recherches sur Internet, dans des catalogues, des livres d'art... Je me suis de plus en plus intéressé aux représentations religieuses, aux icônes..." Là aussi, là encore, peindre un motif religieux, c'est louer plus loin, rendre hommage en formes et en couleurs. Avec, à l'infini, ce je ne sais quoi de grâce qui nous échappera toujours...

De l'Evangile à la calligraphie
Laurent avoue avoir toujours eu un coup de cœur pour l'Evangile selon St-Jean. A tel point qu'il l'a recopié dans son intégralité. Mais à l'ancienne, mais à l'encre de Chine, avec une belle écriture. "La calligraphie, qu'elle soit de type carolingienne ou gothique, m'interpelle. Il faut du temps pour tracer les lettres. C'est un travail exigeant, lent, précis. Ecrire de la sorte, c'est une manière de méditer. C'est un acte contemplatif. Et encore plus si l'on recopie des textes à caractère spirituel. J'aime le bel écrire..."
Mais revenons à l'Evangile de Jean. Non seulement Laurent Gremaud l'a entièrement retranscrit, mais en plus, il l'a illustré ! Des peintures à l'huile délicates, minutieuses, aux couleurs chatoyantes. Il a mis plus de deux ans pour réaliser cet admirable ouvrage. Entièrement manufacturé, ce livre relié est le fruit d'un long travail artistique et artisanal. Et, surtout, le témoignage tangible d'une quête spirituelle intense.

De la louange à l'Adoration...
"Quel magnifique exemple de louange que celui du Magnificat !" s'émerveille Laurent Gremaud. Louer, c'est aspirer à Dieu de toute son âme, c'est célébrer, rendre grâce et faire acte d'humilité. Omniprésentes dans la Bible, les louanges le fascinent. "On loue Dieu par la prière, le chant, la musique, la peinture, la danse, les arts sous toutes leurs formes. Et puis, on le loue aussi lors des temps d'Adoration eucharistique. Là où Dieu est présent, où Il nous regarde, là où l'Esprit nous pénètre, là où nous sommes guéris intérieurement. Là où, plus qu'ailleurs, on fait silence".

Plus haut, plus fort, plus loin que le mot...
Exprimer en dessin ce que les paroles ne peuvent dire. Permettre en somme à l'image de transmettre autre chose, autrement. L'image religieuse, accessible à tous et interprétable de différentes manières, est louange qui porte à la louange. Comme les artistes du Moyen Age, comme les moines copistes, Laurent Gremaud tente de communiquer une émotion, de faire passer un message, d'inviter à la méditation. "Nous avons besoin d'images, de signes, de symboles qui touchent notre intelligence. Celle du cœur."

Les eaux calmes sont profondes
Lorsqu'il ne peint pas, ne s'adonne pas à la calligraphie ou n'est pas avec sa famille, il se retire. Le temps d'une retraite, plus ou moins longue, auprès de moines capucins ou de pères jésuites. "Oui, je vis aussi ma foi dans le retrait et le silence. Mais cette foi est appelée à déborder du cadre", conclut Laurent Gremaud. "A rejoindre les autres."

Christiane Elmer

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