Le pasteur Luc N. Ramoni, l'un des intervenants de ces soirées / Chr. Elmer

Le cadeau du Notre Père

Peut-on encore être surpris par une prière aussi familière que celle du Notre Père ? Convaincue que oui, l'équipe des paroisses réformées francophones de Bienne et de Nidau propose plusieurs rencontres, de 19.00 à 20.00 jusqu'au 03.05.2017. Le 14 décembre, à la maison St-Paul de Bienne (Crêt-des-Fleurs 24). Puis, toujours à la maison de paroisse de Nidau, (Aalmattenweg 49) les 1er février, 1er mars, 29 mars et 3 mai 2017. Aucune connaissance préalable requise. Entrée libre. Rencontre avec Luc Ramoni, pasteur et membre de l'équipe d'animation.

 Luc Ramoni, tout le monde connaît le Notre Père. Peut-on encore en dire quelque chose de nouveau?
Le Notre Père est une prière extrêmement répandue et connue dans le monde chrétien. Comme tous les textes de la Bible, c'est un texte qui suscite des questions, des réflexions, des réactions... Chaque fois qu'on se retrouve avec un nouveau groupe, dans un autre cadre, les réflexions des personnes présentes vont nécessairement apporter un élément étonnant par rapport au texte. Peut-être qu'on connaît cette prière par cœur, qu'on la récite avant de s'endormir ou quand on se réunit en Eglise, mais il y a toujours quelque chose d'intéressant à vivre au moment même où on la dit.

Le Notre Père, c'est LA prière des chrétiens !
Dans la Bible, l'une des mises en situation de cette prière, c'est un enseignement de Jésus aux disciples qui demandent: "comment prier ?". Et ce texte, c'est la réponse que Jésus leur offre. Une prière simple, courte, compréhensible pour tous, et qui révèle quelque chose sur Dieu, sur nous, sur notre rapport au monde. C'est très précieux pour nous, pour savoir comment nous situer. C'est une prière et, en même temps, c'est une sorte de confession de foi. Elle précise en quoi nous croyons. A la différence d'autres confessions de foi, comme le Symbole des apôtres, on n'a pas du tout la mention de toute l'histoire du Christ, avec son parcours jusqu'à la croix. Ici, on est vraiment dans une relation directe avec Dieu.

En nous remettant cette prière, le Christ nous a fait un cadeau?
Oui, c'est comme cela que les chrétiens l'ont accueillie. En fait, l'origine du Notre Père, ce n'est pas Jésus. Cette prière existait avant, mais on ne sait pas exactement sous quelle forme, dans le monde juif du 1er siècle avant Jésus-Christ. Et c'est une prière qui continue d'exister dans certaines prières juives. On a ainsi un texte de 18 bénédictions qui reprend en grande partie les termes du Notre Père, et il y a une prière pour les défunts, toujours dans le monde juif, qui en reprend aussi un certain nombre d'expressions. Jésus a adapté cette prière à son public et les évangélistes Matthieu et Luc l'ont retranscrite. C'est vraiment un cadeau que nous avons là !

Au fil des siècles et des millénaires, la terminologie a évolué. Ne faudrait-il pas, aujourd'hui, expliquer le sens de certains mots?
Oui, le langage évolue et la manière dont Le Notre Père est transmise aussi. Est-ce qu'on nie notre monde lorsqu'on dit: "Que ton règne vienne"? Certains termes ont disparu de cette prière; le mot péché, par exemple, n'est plus utilisé. Et puis, il y a une nouvelle traduction du Notre Père en cours d'élaboration avec, notamment, une phrase qui va changer: "Ne nous laisse pas entrer en tentation", au lieu de "Ne nous soumets pas à la tentation". Notre série de soirées vise à reprendre les différents thèmes soulevés par Le Notre Père et permettre aux participants de poursuivre leur réflexion personnelle. Quant à nous (ndlr: les intervenants Nadine Manson et Luc Ramoni, pasteure et pasteur, ainsi que Christophe Dubois, formateur d'adultes), nous fournirons quelques indications théologiques et historiques pour donner un autre éclairage.

A Bienne et à Nidau, comme partout ailleurs en terre œcuménique, cette prière est importante. Elle est un peu notre ciment...
Oui, le Notre Père est vraiment la prière qui rassemble les chrétiens à chaque célébration, à chaque Eucharistie, à chaque Sainte-Cène. Il faut aussi se rendre compte que ce n'est pas nécessairement une prière utilisée dans tous les milieux chrétiens. Dans les confessions principales, chez les orthodoxes, catholiques romains, catholiques chrétiens, réformés, elle est utilisée. Dans certains courants évangéliques, on s'en méfie même car c'est une prière apprise par cœur. Beaucoup d'évangéliques préfèrent avoir des prières spontanées et, du coup, ne l'apprennent pas et ne la récitent pas. Pour moi, en tant que réformé, dire le Notre Père me donne au moins la possibilité d'une prière à un moment où, peut-être, je ne trouverais pas d'autres mots pour m'adresser à Dieu.

Qu'est-ce qui vous touche dans cette prière ?
C'est, d'abord, le "Notre" Père, qui signale la proximité de Dieu avec nous, l'intimité de Dieu avec moi, faisant partie d'une communauté. Je me sens privilégié parce que j'ai un rapport avec Dieu et, en même temps, je ne peux pas dire que je suis tout seul: je dois me relier à d'autres personnes. Et puis, la deuxième chose qui me plaît, c'est la doxologie, c'est-à-dire les dernières paroles de la prière qui nous rappellent que nous ne sommes maîtres de rien et que nous devons laisser à Dieu le règne, la puissance et la gloire et que c'est à Lui que tout appartient. Et cela, à la fin de la prière, nous rend un peu humbles.

Propos recueillis par Christiane Elmer

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