Nadège Michel (à g.) et Anne-Sophie Hirsbrunner (à dr.) / Chr. Elmer

Le défis du social

Immersion dans le social avec Nadège Michel (NM) et Anne-Sophie Hirsbrunner (ASH), assistantes sociales francophone et alémanique de la paroisse.

Immersion dans le social avec Nadège Michel (NM) et Anne-Sophie Hirsbrunner (ASH), assistantes sociales francophone et alémanique de la paroisse.

La crise du coronavirus a-t-elle péjoré la pauvreté ?

NM : Elle a en fait exacerbé une situation qui existait déjà. Quand Anne-Sophie et moi étions au Service social œcuménique de l'Armée du Salut, en pleine pandémie, nous avons eu, par exemple, beaucoup d'appels de sans-papiers. C'est une catégorie qui a été socialement fortement touchée par la pandémie, mais ce n'est pas celle que l'on reçoit habituellement dans nos consultations.
ASH : Des fonds ont été versés en leur faveur, notamment par la Chaîne du Bonheur. N'ayant pas de documents officiels, ces gens sont comme " inexistants " en Suisse ; en temps normal, on ne leur témoigne pas souvent de la solidarité. Ils font cependant partie de la société de ce pays.

Comme les autres secteurs, le social n'échappe pas aux restrictions...

NM : Nous les subissons déjà depuis plusieurs années. Maintenant, certaines villes ou communes comme la Ville de Bienne ont octroyé des bons d'achat à tous leurs habitants. Sans doute une prise de conscience suite à ces milliers de personnes faisant la queue à Genève pour l'octroi d'aide alimentaire... On est en Suisse et des gens ont faim ! Cette crise a rendu la pauvreté visible. Souhaitons que, dans le futur, les personnes défavorisées soient mieux protégées par notre système.
ASH : D'une manière générale, on reçoit beaucoup moins d'argent. Cela se vérifie aussi au sein des grandes institutions ou organismes à vocation humanitaire.
NM : Alors que le niveau de vie augmente, les lois sur la migration, les frais couverts par l'aide sociale ou les prestations complémentaires sont devenus plus restrictifs. Idem pour les conditions d'accès aux assurances sociales comme l'AI.
ASH : Citons par exemple le cas des étrangers détenteurs d'un permis B qui ont peur d'aller au social par crainte de perdre leur permis... Non, nos clients ne sont pas tous des paresseux ! En Suisse, il y a beaucoup de gens qui travaillent dur, et à plein temps, et qui ne reçoivent même pas un salaire minimum. Personne n'est jamais à l'abri de la précarité. Tout peut basculer suite à un burnout, une maladie, un divorce, une perte d'emploi...
MN : Oui, il y a toutes sortes de situations. Avec les restrictions imposées, ces personnes, même déjà soutenues par un service public, n'ont pas les moyens de faire face à des dépenses extraordinaires. Il suffit d'un imprévu pour commencer à s'endetter. Ces personnes font ensuite appel à nous ou d'autres services sociaux des Eglises pour qu'on fasse une aide ponctuelle ou entame une recherche de fonds. Les Eglises heureusement peuvent encore contribuer à ces coups de pouce financiers. Mais nous constatons que de plus en plus, c'est le privé - Eglises ou fondations privées - qui prennent en charge des éléments qui devraient plutôt être assumés, selon moi, par le service public.

Que faudrait-il changer pour mieux faire ?

NM : Commencer par bien réfléchir aux conséquences de nos actions et de nos choix, par exemple lors d'une votation ou d'élections. Peut-être qu'il est difficile pour la population de se rendre compte des implications réelles de ses choix politiques ; mais nous, travailleurs dans le domaine du social, nous voyons quelles sont les répercussions concrètes sur le quotidien des moins favorisés.
ASH : Plein de citoyens ne vont plus voter. Ils prétextent que, de toute manière, leur voix ne va rien changer. Mais si tout le monde réagit de la sorte... Quelle société veut-on ? Le fossé entre riches et pauvres doit-il continuer à se creuser ? Quand on vote en faveur de certaines restrictions ou que, tout simplement, on s'abstient de voter, est-on bien conscients de ce que ça signifie humainement ?

Qu'en est-il du service social de la paroisse ?

NM : Notre service n'a pas échappé à la crise économique du Covid-19. Moins d'entrées d'argent sont attendues pour l'année prochaine pour la paroisse, qui signifie une réduction de notre budget. De plus, notre territoire s'est agrandi. A nous deux, en plus de Bienne et environs, nous nous occupons à présent de la région de Pieterlen, Meinisberg et Lengnau. La charge de travail est là, nous recevons beaucoup de demandes d'aide mais nous sommes aussi restreintes dans nos ressources et taux d'activité. Nous voudrions pouvoir faire plus. A préciser que la paroisse catholique de Bienne soutient aussi financièrement des institutions sociales biennoises. Un soutien qui, lui aussi, devra malheureusement être revu à la baisse...
ASH : Souvent, les gens nous consultent parce qu’ils sont confrontés à un imprévu. En fonction de leur demande, on prend les choses en main ou on les réoriente vers un service plus adéquat. Nos tâches sont très diversifiées.

SERVICE SOCIAL DE LA PAROISSE / FACHSTELLE SOZIALES

Rue Aebi 86 / 2503 Bienne. / Tél. 032 329 50 85
Consultations sur rendez-vous uniquement.

En français (mercredi-vendredi): nadege.michel@kathbielbienne.ch
En allemand (lundi-mercredi): anne-sophie.hirsbrunner@kathbielbienne.ch

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