L'entre-deux

Fin novembre. Les arbres sont nus, les jours écourtés, les narines bouchées. Et nous voici, une fois de plus, à la fin d'un cycle liturgique et au seuil d'un nouveau temps de l'Avent. L'année civile touche presque à son terme.

Comment est-ce possible? Comment se fait-il que le temps, dans son marathon effréné, court de plus en plus vite ? J'en viens à me demander si ce n'est pas moi, au fil des ans, qui avance toujours plus lentement... Quoiqu'il en soit, nous voici dans l'entre-deux.
Encore en automne, mais presque en hiver. Encore, liturgiquement, dans le temps ordinaire - mais quel ordinaire ? - et, tout bientôt, dans l'entrebâillement des fenêtres d'un calendrier de l'Avent. En fait, nous passons notre vie entière à nous situer dans un entre-deux. On y est tellement habitués qu'on ne s'en rend même plus compte. Pourtant, il est des entre-deux d'un autre... ordre. Echappant à l'habituel, ils nous immergent dans le ravissement. Cet entre-deux, je l'ai vécu à Develier, au Carmel Notre Dame de l'Unité. Et ce fut extraordinaire ! Un adjectif qui peut surprendre lorsqu'il s'applique au Carmel puisque, on le sait, la définition de la sainteté, selon la petite Thérèse (1873 - 1897) consiste à "faire de manière extraordinaire des choses tout ordinaires !" Et l'extraordinaire de Thérèse de Lisieux est à la portée de tous puisque c'est l'amour. Un amour extraordinaire en tout. A côté de cela, rien n'est "extraordinaire" au sens où nous pourrions l'entendre aujourd'hui. Rien de "sensationnel", rien de tapageur ou tape-à-l'œil. On est dans la discrétion, la vérité et l'humilité du cœur. Là où la Bonne Nouvelle l'emporte sur toutes les nouvelles du monde.

Mais, avant la petite Thérèse, il y a eu la grande, la Madre: Thérèse d'Avila (1515 - 1582) Sans la détermination farouche de Teresa, son tempérament fougueux et sa foi embrasante, le Carmel aurait un tout autre visage. Car au XVIe siècle, plus qu'une réforme, la Madre a véritablement procédé à une re-fondation en profondeur de l'Ordre carmélitain. Pour les carmélites du monde entier, elle demeure une référence. Un renvoi vivifiant à Dieu, un entre lumière et Lumière. Sachez enfin que c'est au cœur de l'entre-deux de ce grand tout, au point de jonction exact entre l'ordinaire et l'extraordinaire, que j'ai rencontré soeur Marguerite-Marie...

Christiane Elmer

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