Ici-bas, cependant, si l'amour nous comble de joies et floraisons, ses épines en meurtrissent plus d'un ! Les histoires des couples et des familles ne sont jamais simples, jamais indolores, jamais linéaires. Nos parcours sont souvent jalonnés de déceptions, désillusions, éloignements, ruptures, rancunes et incompréhensions. Que d'unions mutilées, de mariages brisés, de familles désunies, de ménages décomposés, recomposés ou composés bien autrement !
Partout, pourtant, on retrouve cette même aspiration, intense et sincère, à un amour sans taches. Un amour qui ferait grandir et aiderait les autres à grandir. Partout, pourtant, ce même constat: l'harmonie, le dialogue, la constance, la persévérance, la confiance et l'ouverture sont difficiles. Difficiles pour les couples, mariés ou non, hétérosexuels ou non; et pour les familles, traditionnelles ou non.
Les temps ont changé. L'existence de nos contemporains est devenue plus tranchante, plus exigeante. Et apparemment plus flexible. Mais c'est un leurre. A y regarder de plus près, en profondeur, notre société n'est pas tolérante. Et l'Eglise ? Aurait-elle du neuf à dire et à offrir aux gens déchirés au cœur de leur amour et de leur foi ? Aux concubins, aux divorcés, aux divorcés-remariés, aux couples du même sexe, aux familles éclatées ? Comment tient-elle compte des nouvelles donnes qui régissent cette époque de fin de civilisation ?
Au terme de deux Synodes sur la famille, tenus en octobre 2014 et 2015, l'Exhortation apostolique du pape François, "Amor Laetitia" (la joie de l'amour), vient d'être publiée. A vrai dire, ce dernier document du pape ne modifie pas la doctrine de l'Eglise sur le mariage et la famille, mais vise plutôt à la "recontextualiser". Oui, un discernement, au cas par cas, et "selon la charité fraternelle". Et le pape François d'insister: "L'Eglise doit intégrer chaque personne dans sa différence, quel que soit son statut." De quoi redonner confiance et espérance aux femmes et aux hommes d'aujourd'hui en cette Année de la Miséricorde.