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Méditation: A qui sommes-nous connectés ?

Dans ce monde moderne, les choses vont vite, très vite même. Et nous voulons tout, tout de suite! Le vrai défi de l'être humain de ce XXIe siècle, c'est la patience ou plutôt, être là, tout simplement...

A la charnière de deux années liturgiques, le mois de novembre est le passage de l'une à l'autre : de la fête du Christ Roi au temps de l'Avent. Nous sommes invités à lever les yeux vers l'Avenir car c'est bien le même projet de Dieu qui continue à se déployer dans notre histoire humaine et chrétienne.

Faut-il choisir: être connecté ou ne pas être connecté?
Pour les uns, être connecté peut être rempli de bons fruits: l'amitié, l'amour, la paix, etc. Pour d'autres, il est aussi possible de vivre sans être connecté à temps plein. Qu'on se le dise. S'il est utile de rester ouvert à ce qui est nouveau, il faut être attentif à ce qui nous convient, à ce qui nous enrichit, à ce qui nous permet d'être paisibles et sereins. La connectivité peut se présenter que sur une seule figure (par exemple celle de la rapidité) mais peut cacher l'autre visage, plus sombre, qui nous automatise, qui nous branche vingt-quatre heures sur vingt-quatre et nous rend joignable à tout instant même quand nous dormons.
L'être connecté ne supporte pas le vide et le silence. Il a toujours une information à glaner sur la toile, une vidéo à voir, un contact à prendre, un voyage à réserver, un collègue à interpeller, une notice à mettre à jour, un mot doux à formuler, etc. L'être connecté se nourrit d'exigences, d'investissements en temps et en travail. Aujourd'hui, être connecté porte le drapeau de l'idéal: "celui qui réussit sa vie est celui qui réussit sa connectivité". Etre connecté est devenu symbole de force, d'enthousiasme, de satisfaction, et ferait même des envieux.

L'être connecté ignore le répit, il commute en permanence. La peur de louper quelque chose en étant déconnecté fait que certains ressentent même l'anxiété quand ils n'ont pas leur téléphone portable à portée de main. J'ai un ami internaute qui est très souvent connecté à l'écran de son puissant ordinateur : il peut ainsi ouvrir une dizaine de fenêtres à la fois. Presque simultanément, il "chatte " - papote -sur " Skype ", jette un œil sur " Facebook ", etc., afin, dit-il, de "maximiser ses connexions". Dans son jonglage, je suis toujours étonné de la capacité et l'habileté de ce garçon à fractionner son attention comme un poulpe. De fait, pour lui, la chose la plus difficile, c'est de se concentrer sur un seul objet. S'il se tient devant vous, son regard est instable : il cherche sur votre épaule une icône sur laquelle cliquer. S'agit-il d'une exception ?

Pour moi, c'est un fait, nous n'avons jamais été aussi connectés !
Ce phénomène devient la norme universelle. Nous ne sommes plus à l'époque de "l'individu" (l'être humain qui ne peut être ni partagé ni divisé sans perdre les caractéristiques qui lui sont propres.) mais dans un siècle de la "connectivité", c'est-à-dire de l'être humain subdivisé, morcelé, ne courant pas un seul lièvre, mais courant virtuellement vingt lièvres à la fois.

Enfin, s'il y a un domaine où notre connectivité doit être optimale, c'est bien dans le domaine de la Foi. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont les passionnés de la connectivité: ils sont toujours et tout le temps connectés à nous. Et nous, sommes-nous toujours et tout le temps connectés à eux?

Bonne fête du Christ Roi et Bon début de l'Avent!

Emmanuel Samusure

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