Mon cœur palpite plus vite le 2 février. D'aussi loin que je me souvienne, on allumait des bougies à la maison. J'entendais dire "C'est aussi la fête de la Chandeleur". Je ne comprenais pas ce mot, mais j'aimais bien ce qu'il évoquait: chandelles, lueur, chaleur... On m'expliquait encore que c'était le jour de la Purification. Et celui de la Présentation de Jésus au temple. Là non plus, je ne saisissais pas vraiment, mais je sentais que c'étaient des événements importants dans l'Eglise. Cela en faisait des choses pour un seul jour! Sans compter que, depuis 1997, c'est aussi la Journée de la vie consacrée. Tant de clarté pour ce 2 février!
Et c'était aussi l'anniversaire de mon papa.
Voilà pourquoi mon cœur palpitait toujours plus fort, le 2 février. Parce que, ce jour-là encore plus que les autres, il y avait davantage de joie douce et de tendresse partout. Et aujourd'hui que papa n'est plus, il me reste la lumière. Il y a toujours eu une immense Lumière.
A Noël, Jésus, Lumière du monde, est né. Conformément à la Loi de Moïse, Marie et Joseph amènent au temple de Jérusalem leur garçon premier-né pour le consacrer à Dieu. Que retenir de l'épisode de la Présentation? La Lumière! "Lumière pour éclairer les nations païennes" (Lc 2,32) s'exclame Syméon en accueillant Jésus, un bébé de quarante jours, et en reconnaissant en lui le Messie. Syméon et Anne, deux vieillards prophétiques, justes et religieux, identifient aussitôt l'Enfant des Ecritures. Quelle joie! La Consolation du monde est née! Syméon le sait et l'attendait. Mais le vieil homme annonce aussi à Marie des événements dramatiques. Devant Jésus, il faudra ouvertement prendre parti.
Mais pourquoi ce nom, "Chandeleur"? La fête de la Présentation au temple s'accompagnait alors d'une procession de pénitence qui, commencée à l'aurore, se faisait à la lumière des cierges pour témoigner que - dans la nuit du monde -, Jésus était cette lumière tant attendue. Célébrée dès le IVe siècle à Jérusalem, la Chandeleur eut d'abord pour objet la rencontre du Seigneur Jésus avec le vieillard Syméon. Ce n'est qu'à partir du VIIe siècle qu'on commença à la célébrer à Rome. Quant à la bénédiction des cierges, elle ne remonte qu'au Xe siècle. En Gaule, la fête de la Chandeleur prit des couleurs mariales en rappelant le rite juif de la Purification, exigé des jeunes mères juives, quarante jours après leur accouchement. Ce n'est d'ailleurs qu'en 1372 que cette fête sera officiellement associée à la purification de la Vierge.
L'épisode de la Présentation-Purification clôt ainsi les solennités de l'Incarnation. La Lumière s'est incarnée parmi nous pour sauver l'humanité. Dieu nous a donné son Fils. Et, pour le salut de la multitude, le Fils donnera sa vie. L'offrande suprême de la Croix. Donc, par-delà la Lumière, s'il faut encore retenir quelque chose de la Présentation au temple, c'est bien le don. Jésus est le Don de Dieu par excellence. Un don qui consiste à se donner en plénitude et à consacrer entièrement sa vie au Seigneur. Comme l'ont fait, le font encore et le feront toujours des milliers de religieuses et de religieux de par le monde.
Cette année, le 2 février est un lundi. Plus vite, mon cœur palpitera. Journée de la vie consacrée. L'occasion de rendre grâce pour tant de vocations, tant de "oui" en réponse à l'appel. L'occasion de penser à ce tout petit Enfant venu changer la face du monde en lui offrant la Lumière. L'occasion de méditer sur le sens du don dans nos vies. Ce jour-là, nous pourrons offrir notre prière, allumer une bougie, partager des crêpes, pourquoi pas?
Toute clarté, toute offrande, la Chandeleur nous rappelle à la joie et à l'espérance de la Lumière. Qui jamais ne s'éteint.
Christiane Elmer