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Méditation: "Lève-toi, et mange !"

Pour la seconde fois, l'ange du Seigneur dit au prophète Elie, dans le premier livre des Rois (19,4-8): "Lève-toi et mange, car il est long, le chemin qui te reste." Une injonction vitale, essentielle, physiologique et spirituelle. Mais qu'est-ce qui nous nourrira en vérité si ce n'est le pain de Vie ?

"Finis ton déjeuner, tu as besoin de forces pour l'école!" Votre maman ou quelqu'un qui s'est occupé de vous ne vous a jamais dit cela? Ne vous êtes-vous pas exclamé, plus tard: "J'ai besoin d'un petit café avant de commencer!".
Et ne vous a-t-on pas - ou pas encore - supplié d'avaler une bouchée, pour tenir le coup, quand vous n'étiez plus que cri et hoquet de chagrin?
Bon gré, mal gré, vous avez fini par remanger. Sans faim peut-être; sans joie. Juste parce que la route est exigeante. Et qu'il faut continuer. Le ventre un peu moins malingre, les yeux un peu moins aigres, vous avez obéi. Vous vous êtes remis debout. Et vous vous êtes alimenté. On ne vous a pas laissé dépérir. On vous a fait comprendre que vous comptiez, qu'on avait besoin de vous sur la route. Mais personne n'a pu vous dire jusqu'où il vous faudrait cheminer. Si ce n'est jusqu'au bout.

"Lève-toi et mange!". D'ordinaire, on s'assied pour se mettre à table. On se pose d'abord. Mais ici, se lever, c'est bien plus que se mettre à la verticale. C'est choisir le camp des partants, des vivants, des ressuscités. C'est en avoir assez de somnoler pour oublier, de vivoter pour éviter d'avancer ou de s'engoncer dans la souffrance pour ne pas avoir à en émerger. Se lever, c'est le garde-à-vous de la foi. C'est l'Espérance qui surgit. C'est la victoire de Pâques sur la croix. Et il ne s'agit pas seulement de redresser sa colonne, de camper ferme sur ses deux pieds, le torse droit, prêt à la marche. Non! C'est bien plus que cela. C'est aussi MANGER, donc accepter d'être nourri parce que, sans manne, on se meurt. Manger, c'est consentir: "Je suis démuni et vaincu si je ne me sustente pas." Debout, ça ne suffit pas. Debout mais privé de subsistance, on est voué à s'effondrer et à ne bientôt plus exister.

Combien sommes-nous à nous être relevés, ne sachant ni pour qui ni pour quoi?
Combien sommes-nous à tituber, tragiquement affamés, sans plus même la sensation de faim en nous?
Combien sommes-nous à nous repaître jusqu'à la nausée de ce qui ne nous nourrira jamais tout à fait?

Au fond de nous tapie, implorante, la faim de Dieu est mourante. La sentez-vous?
L'entendez-vous? La prendrez-vous au sérieux?

Viens, ma faim de Vie, il est l'heure du Pain. Il fait jour dans ma disette. Il y a du blé dans mon désert.
Le Seigneur m'a appelée. M'a invitée à me lever. A me lever et à manger. A manger et à marcher. A marcher et témoigner. A témoigner du Pain vivant. Qui redresse les gisants et nourrit les cœurs creusés.
Il ne fera plus jamais faim dans ma douleur si je Te garde. Si je Te laisse m'habiter et me transformer.
C'est pourquoi, un jour, j'en ai eu assez de joncher dans ma misère. Et j'ai changé de position. Dressée et étonnée. Mais pour reprendre de vraies forces, il faut reprendre Vie. Plus uniquement du pain, mais du Pain. Plus seulement une envie de Dieu, sorte de petit creux spirituel, mais une fringale! Constante, jamais assouvie. Une faim qui, en permanence, serait comme la joie et la paix virevoltantes du Christ en nous.

"Prenez et mangez-en tous, ceci est mon Corps..."
Nous voici promis à être rassasiés. De la manne du désert au pain eucharistique. Comme l'ange du Seigneur l'a fait pour Elie. Comme le Christ aux disciples et aux disciples qui ont suivi. Comme celles et ceux qui, ici-bas, alimentent d'amour nos vies. Le Corps du Christ, pain de Vie, va au-delà de tout ce que nous pourrions imaginer. Trop réducteurs, nos mots. Substantielle, l'hostie. Nourriture fondatrice, révélatrice, formatrice. Matrice. Seigneur, accorde-nous de savourer ton Pain.
D'y goûter avec ferveur. Chair et esprit, d'y aspirer. Avec une sainte avidité. Attise en nous une évangélique voracité. Viens combler nos vacuités!
Puisse notre foi lever comme un blé qui attend la promesse dorée de la moisson.
Puisse s'accroître notre foi, cette folle et inextinguible faim de Dieu.
Puisse, chères âmes, s'aiguiser votre appétit: une place vous est réservée à Sa table.
Pour les siècles des siècles.

Christiane Elmer

 

Liturgie

Dimanche 2 août 201518e dimanche ordinaire

 

Livre de l'Exode (Le don de la manne au désert) 16,2-4.12-15

Lettre de saint Paul aux Ephésiens (Appelés à vivre en hommes nouveaux) 4,17.20-24

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jésus, le pain de vie) 6,24-35

Dimanche 9 août 2015
19e dimanche ordinaire

Premier livre des Rois (Dieu fortifie Elie) 19,4-8

Lettre de saint Paul aux Ephésiens (Vivre selon l'Esprit de Dieu) 4,30-5,2

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Le Christ, le pain venu du ciel) 6,41-51

 

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