Abbé Nicolas Bessire / Chr. Elmer

Mourir pour vivre

Nous allons entrer en carême, quarante jours qui nous sont donnés pour nous préparer à la fête de Pâques, la fête de la Résurrection. C'est un chemin de conversion, un chemin pour revenir à Dieu, se rappeler que nous sommes baptisés mais aussi que nous sommes mortels. Le carême est un temps de conversion.

Chacune et chacun sont invités à choisir un "programme" pour réaliser cette conversion. Autrefois, l'Eglise demandait de ne pas manger de viande ou d'aliments gras pendant le carême. Aujourd'hui, tous sont invités à choisir la discipline qui leur convient. A cause de ces privations, avant d'entrer en carême avec le mercredi des cendres, il y a le mardi-gras, dernier jour de viande. C'est le sens du mot carnaval (du latin carne: chair + levare: enlever). Cela peut durer plusieurs jours. C'est une période où l'on sort déguisé(e) - voire masqué(e) ou bien maquillé(e) - et où l'on se retrouve pour chanter, danser, faire de la musique dans les rues, jeter confettis et serpentins, défiler, éventuellement autour d'une parade, souvenir de fêtes plus anciennes comme les saturnales.
Après cette fête, parfois avec beaucoup d'excès, c'est l'entrée en carême avec le mercredi des cendres.

Chaque année, au seuil du Carême, la liturgie nous redit : "Tu es mortel" (Souviens-toi que tu es poussière...). Cependant cette sentence n'est pas dite pour nous désespérer mais, au contraire, pour que nous choisissions de vivre. "Seigneur, toi qui ne veux pas la mort du pécheur mais sa conversion ", entendons-nous dans l'invitation, avant l'imposition des cendres. C'est justement en nous rappelant ce retour à la terre, berceau de notre fragilité humaine, que Dieu promet la vie définitive. Nous comprenons alors que cette voie paradoxale du "mourir pour vivre" n'est pas du masochisme ou une volonté de puissance d'un Dieu meurtrier, mais un chemin de vie. "Perdre sa vie, pour accueillir le Christ... Je te suivrai, Jésus, montre-moi le chemin", chante une hymne de l'office. "Souviens-toi que tu es mortel..."

Ce chemin est jalonné de trois balises : l'aumône, le jeûne et la prière. Trois exercices spirituels corporels et concrets qui montrent que le Carême s'incarne dans la vie quotidienne. L'aumône, c'est l'attention au plus démunis, aux pauvres, le partage. Le jeûne, c'est se donner des moyens de grandir spirituellement en s'occupant de notre hygiène de vie. La prière, c'est le temps que je prends avec Dieu et pour Dieu. Deux règles accompagnent ces moyens rigoureux que donne l'Église dans sa tradition et qu'ont expérimentés les témoins de la foi. La première, c'est justement l'Église elle-même.
Le combat spirituel que chacun doit mener n'est pas un combat solitaire. Il se vit ensemble, avec nos frères : dans la communauté chrétienne en paroisse, dans les mouvements, les lieux spirituels, etc. La deuxième règle, si présente dans l'évangile de ce jour, c'est la vérité et l'authenticité. Il s'agit de nous appliquer à vivre ce Carême sous le regard de Dieu et non pour ce que peuvent en penser (de bien !) les autres. De renoncer à notre image, à ce que nous croyons être. Ce renoncement est notre réponse au pardon des péchés dont Dieu est seul donateur.

En cette année de la Miséricorde, toute cette démarche prend encore davantage de sens, accueillir la miséricorde à notre égard et pratiquer la miséricorde avec les autres. Bon carême !

Abbé Nicolas Bessire

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