Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir administrateur de la Paroisse ?
Après 20 ans d'expérience comme cadre dans les télécommunications, le désir de rejoindre le secteur public s'est développé, stimulé par mon expérience politique au Conseil de Ville, spécialement par la présidence d'une commission. La Paroisse ayant légalement le statut de commune, elle fonctionne comme telle. Mais aussi et surtout, ce poste m'offre l'opportunité de me mettre au service de la Paroisse que je fréquente depuis mon enfance. Cela me permet de répondre à la fois à mes intérêts professionnels et personnels.
Comment concevez-vous votre fonction ?
Je me vois comme un chef d'orchestre qui encadre et soutient des spécialistes. Comme administrateur, j'accompagne le Conseil de Paroisse, conduis des projets, modère et prépare les décisions relatives au développement de notre Paroisse, avec le soutien de l'administration. Formellement, je porte pour la Paroisse la responsabilité du cadre financier et légal, de la gestion des 122 employé(e)s et plus de 600 bénévoles, tout comme d'un patrimoine immobilier de plusieurs millions.
Vous provenez du secteur de l'économie privée. Une Paroisse se dirige-t-elle de la même manière qu'une entreprise ?
Les principes de conduite et motivation du personnel sont les mêmes. Notre Paroisse est en quelque sorte un prestataire de services pastoraux et sociaux. Il s'agit de diriger non pas en maximisant le profit comme pour une entreprise, mais en veillant à la tenue du budget et à la garantie d'un bon service. L'administration sur mandat du Conseil de Paroisse offre un bon encadrement, une bonne gestion des processus de travail, des ressources humaines et financières. La pastorale peut se concentrer sur sa mission et répondre au mieux aux besoins des paroissiens, mettant la Parole du Christ au centre.
Vous avez repris les rênes de l'Administration depuis le 1er avril 2016. Etes-vous surpris ou cela correspond-il à vos attentes ?
Le poste est passionnant, plus large et vaste encore que je ne me l'imaginais. Il ne s'agit pas d'administrer, mais vraiment de piloter un grand bateau. L'engagement des employé(e)s, bénévoles, est réjouissant. J'ai de nombreuses idées pour le développement futur, peut-être un peu trop (rires); je suis confiant pour l'avenir.
Comment mieux communiquer l'engagement de l'Eglise au sein de la société ?
Notre Eglise est très active au sein de notre société, auprès des jeunes, des ainés, dans le social. Nous devons surtout travailler notre image à l'aide d'une communication plus soutenue et positive; les occasions ne manquent pas, sachons les saisir. Le pape François, notre évêque Felix, sont deux très bons ambassadeurs; à nous de faire notre travail au niveau de la Paroisse. Nous pouvons être fiers d'être catholiques et communiquons-le ! Ce thème m'est cher et je compte m'y engager avec le soutien de tous les acteurs de notre Paroisse.
Pensez-vous que l'Eglise doit prendre position dans les débats et questions éthiques et sociales de notre temps ?
Oui, sans aucun doute. Notre Eglise n'est pas un nid poussiéreux de vieux conservateurs déconnectés de la société (rires). Bien au contraire, elle a des valeurs qu'elle doit communiquer avec moins de réserve, dans un style adapté à notre société moderne, en utilisant tous les médias, pour tous les publics. Il faut saisir toutes les occasions, à tous les niveaux, pour informer de nos activités, nos valeurs, bref: être connus !
Le mot d'ordre est le même partout: économiser ! La Paroisse n'y échappe pas non plus. Mais où et comment économiser?
La Réforme des Entreprises 3, décision fédérale va provoquer une diminution des rentrées fiscales avec pour résultat une perte estimée à 800'000 CHF, si aucune mesure n'est prise. D'une part, une meilleure utilisation de la surface constructible et construite de notre Paroisse peut permettre de générer des revenus locatifs supplémentaires. De l'autre, je classerais les économies possibles dans deux domaines. Le premier est le fonctionnement au quotidien, où un potentiel non négligeable existe avec peu d'impact. Le deuxième est l'optimisation des processus de travail, entre les centres, entre les langues, en tenant compte de la rotation naturelle du personnel. Mon but est de passer le cap sans licenciement, de garantir un bon service à nos paroissiens, mais cela ne sera possible que si nous tirons tous à la même corde.
La pluriculturalité de notre Paroisse fait toute sa richesse. Chacun aime pouvoir vivre sa foi dans sa langue. Ce "luxe" est-il encore envisageable?
Il ne s'agit pas d'un luxe; nos communautés linguistiques sont en effet une richesse, nous devons veiller à ce qu'elles vivent. Par contre, en travaillant en silo, par centre, chacun dans ses locaux, par langue, chacun réinvente la roue, se privant de reprendre les bonnes pratiques des autres, d'utiliser des synergies, c'est regrettable. Les deux objectifs sont compatibles, il faudra trouver le juste équilibre. Avec la pénurie de prêtres, la réduction des moyens, mais également pour pouvoir les enrichir, des célébrations bi- /quadrilingues devront être multipliées; faire plus avec moins. J'ai encore dans mes souvenirs d'ancien servant les belles messes de minuit à Sainte-Marie, trilingues, avec une église plus que pleine, de la musique, un chœur, une vraie fête de Noël, que j'aimerais contribuer à faire revivre.
Vous êtes également actif en politique et vous vous représenterez aux prochaines élections biennoises. Quels dossiers concernent aussi les intérêts de notre Paroisse?
Les défis dans le domaine social, de la jeunesse, du 3e âge, de l'urbanisme et la construction seront nombreux ces prochaines années pour notre Paroisse ; les interactions avec la Ville de Bienne vont se multiplier. La position de parlementaire biennois facilite l'accès aux décideurs, ce qui me permet, dans ma fonction d'administrateur, de défendre de manière plus efficace les intérêts de notre Paroisse.