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Nouvelles: Le drame des réfugiés

Que faire pour bien faire, pour mieux faire, pour faire quelque chose? Que font les gouvernements, que proposent les politiciens? Comment réagissent les Eglises? Quelques réactions...

(cath.ch-apic) D'un côté, l'Eglise affiche sa solidarité avec les réfugiés, de l'autre elle a toujours plus de locaux vides. L'évêque de Bâle, Mgr Gmür, s'est laissé interpeller par cette question... On pourrait ainsi bientôt voir des réfugiés passer les portes du château de Steinbrugg, siège de l'évêché. Le propriétaire des lieux, Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, réfléchit en ce sens. "Le diocèse réfléchit à la possibilité d'installer des logements pour les réfugiés dans le château de Steinbrugg", annonce le porte-parole du diocèse Hansruedi Huber. "C'est pour l'évêque une grande préoccupation de donner le signal". Le diocèse souhaiterait se décider assez rapidement. Il faut résoudre actuellement les problèmes de logistique et voir comment il est possible de l'organiser.
Le château de Steinbrugg compte des bureaux pour 40 collaborateurs. Plusieurs paroisses et couvents des dix cantons du diocèse ont proposé des solutions d'hébergements ainsi que les services cantonaux, mais pas encore l'évêché. L'abbaye d'Einsiedeln, entre autres exemples, a accueilli 25 réfugiés. 16 réfugiés habitent au monastère de Baldegg (LU). Des religieux ont accueilli à titre personnel des réfugiés.

Mgr Gmür engagé dans le débat
Depuis plusieurs mois, l'évêque Gmür s'est engagé dans le débat sur les réfugiés. En avril déjà, il avait rappelé que "La Suisse peut accueillir plus de requérants d'asile. Il n'est pas admissible que des milliers de personnes meurent en Méditerranée. Il en avait appelé à la responsabilité des pays de l'Europe de l'Ouest et s'était élevé contre la fermeture des frontières. Le porte-parole du diocèse, Hansruedi Huber, met l'accent sur la tradition d'accueil de l'Eglise dans le domaine de l'asile et de l'intégration. Il relève que la professionnalisation du domaine de l'asile, a changé le rôle de l'Eglise dans ce domaine.

L'aide aux réfugiés est un devoir pour les chrétiens!
La 309e Assemblée de la Conférence des évêques suisse (CES) s'est également penchée sur le thème des réfugiés. Le flux de centaines de milliers de réfugiés en Europe et à ses frontières provoque des événements dramatiques. Il s'agit là d'une situation qui met également à l'épreuve la tradition humanitaire de la Suisse, relèvent les évêques. Ils appellent, dans l'esprit de l'Evangile, à venir en aide à toutes les personnes en situation de misère et de détresse:

"J'étais étranger et sans-toit, et vous m'avez accueilli" (Mt 25, 35).

La misère croissante exige en conséquence des moyens d'aide plus importants à tous les niveaux. Cela concerne aussi les institutions de l'Eglise catholique, qui vont continuer à intensifier leur aide aux réfugiés et aux migrants. "Chaque don, chaque forme de soutien sont les bienvenus!", lancent les évêques, qui remercient toutes les personnes qui, en ces jours, aident - là où elles le peuvent - , donnant ainsi un exemple d'humanité.

 Caritas fustige les stratégies de dissuasion des réfugiés
(cath.ch-apic) Caritas Suisse fustige les stratégies de dissuasion des réfugiés et de fermeture des frontières, en Suisse comme dans tous les pays européens. Pour l'œuvre d'entraide catholique, la Confédération doit mettre en place une politique migratoire qui réponde aux exigences d'un Etat de droit et soit digne de la tradition humanitaire. En Europe et à ses frontières, on observe des faits inquiétants, et même scandaleux: des camps de réfugiés surpeuplés sont apparus, les conditions d'hygiène et sanitaires y sont désastreuses, de même que l'approvisionnement des migrants en nourriture, en eau potable et en vêtements. De très nombreuses familles n'ont pas d'abri pour la nuit. Des milliers de migrants ont perdu la vie, victimes des dangers des routes de l'exil empruntées par les passeurs. Des forces de sécurité accueillent les nouveaux arrivants - familles, femmes et enfants - à coups de matraque et de gaz lacrymogènes. Les foyers d'hébergement de requérants d'asile sont incendiés par des groupes d'extrême droite et des bandes de passeurs sans scrupules réalisent d'incroyables profits, en exploitant la détresse des personnes migrantes.

Les stratégies de dissuasion ont échoué
Pour Caritas Suisse, ces procédés mettent en évidence le fait qu'il n'y a, à l'échelle européenne, aucune politique des réfugiés coordonnée ni politique migratoire digne de ce nom. La stratégie dominante mise sur l'égoïsme national, sur la dissuasion et sur la fermeture des frontières, martèle l'organisation catholique basée à Lucerne. Or, cette stratégie a manifestement échoué: les migrantes et migrants arrivent malgré tout. Ceux qui fuient la guerre, la violence, l'oppression politique ou l'absence de perspectives d'avenir ne s'arrêtent pas à des frontières fermées entourées de barbelés. "Et ce n'est pas non plus une législation sur l'asile durcie de révision en révision qui les retiendra", affirme Caritas Suisse.
On ne peut pas parler de chaos de l'asile en Suisse Comparée à ses voisins que sont l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie et la France, la Suisse connaît une hausse modérée du nombre de requérants d'asile et de réfugiés. "La Suisse doit porter son aide humanitaire pour les Syriens déplacés par la guerre à au moins 100 millions de francs par an", martèle l'organisation catholique. Elle a signalé à plusieurs reprises que la récente augmentation de 30 à 50 millions de francs est beaucoup trop modeste, par rapport à l'ampleur de cette catastrophe humanitaire. Pour Caritas, c'est justement parce que la Suisse n'est pas en proie à un chaos de l'asile et que les mouvements migratoires actuels la touchent beaucoup moins, qu'elle doit se montrer coopérative vis-à-vis des Etats voisins et agir en partenaire.

L'accueil des réfugiés n'est pas une question de place
L'Europe est confrontée à un afflux de réfugiés d'une ampleur inédite. Or le fardeau lié à leur accueil reste inégalement réparti. En effet, la plupart de ces personnes parviennent au mieux à rallier un pays voisin. L'Europe, et plus généralement la communauté internationale, doit impérativement régler globalement la question des réfugiés et de l'asile. En plus de fixer des quotas de répartition, le futur concept devra associer les Etats voisins des régions en conflit, sur lesquels pèse l'essentiel des charges d'accueil. Et la protection accordée par les pays d'accueil ne suffit pas, il faut aussi garantir une protection sur place et rendre moins dangereuses les routes de l'exil.

En Suisse, la hausse des demandes d'asile reste modérée en comparaison des autres pays européens. Le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) s'attend pour cette année à 30'000 requêtes. Au premier semestre 2015, l'Autriche en a enregistré 180'000. En 2014, la Suisse n'avait reçu que 3,8% des demandes d'asile déposées en Europe. Au premier semestre 2015, ce pourcentage a même été le plus bas des quinze dernières années. Il convient par contre de signaler la forte hausse du taux de protection, qui a bondi à 61,4% durant l'année en cours. Derrière ces chiffres se cachent des êtres humains. Et notre responsabilité humanitaire va de pair avec un énorme défi: accueillir, héberger dans des conditions décentes et intégrer dans notre société les personnes réfugiées.

La Confédération, les cantons et les communes, les organisations de la société civile et les milieux économiques ont un rôle à jouer ici. La partie peut être gagnée, moyennant la volonté politique nécessaire, une planification prospective et le courage à faire bon accueil aux réfugiés. Car leur admission en Suisse est moins une question de place qu'un devoir humanitaire.

Kathrin Buchmann, directrice de l'OCA (Office de Consultation sur l'asile)

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