Que serait Pâques sans les cloches ? Et que seraient les cloches sans campanistes ? Rencontre avec l’un d’eux, Lionel Glassier.
Dans certains pays catholiques, une légende affirme que le Jeudi Saint, les cloches partent à Rome, où le pape les bénit. Elles s’en reviennent le dimanche de Pâques, carillonnantes, pour annoncer la joie de la Résurrection.
Imaginerait-on nos églises et nos célébrations sans cloches ? Elles font partie de notre univers sonore, rythment nos journées, font chanter nos dimanches et vibrent dans l’allégresse des épousailles. Parfois, dans l’affliction, sonne le glas... Un timbre sombre et lent qui annonce des obsèques.
Mais revenons à Pâques et à ses carillons joyeux qui nous donnent l’occasion de nous intéresser aux cloches. Rencontre avec Lionel Glassier, campaniste chez « Muff SA », qui bichonne les cloches de bon nombre de nos clochers. Cette entreprise, sise à Triengen, dans le canton de Lucerne, s’occupe depuis 1918 de technique campanaire, d’horlogerie monumentale, d’automation ainsi que de sonorisation et système de sécurité.
Lionel Glassier, vous êtes campaniste. De quoi s’agit-il ?
C’est un métier en lien avec tout ce qui touche à la cloche. Sans entrer dans trop de considérations techniques, cela concerne la construction de beffrois, le système de mise en balancée, la forge des battants de cloche, ainsi que l’entretien et la révision d’horloges monumentales, cadrans et systèmes de pilotage. Nous faisons actuellement de la sonorisation pour églises, de l’automatisation pour enclenchement de chauffages, luminaires, cloches, fermetures de portes, etc. C’est un métier d’avenir car il veille au maintien du patrimoine.
Quelles sont les fonctions essentielles des cloches ?
Elles invitent à la célébration, à la prière, à la fête ; elles signalent un décès, indiquent l’heure et font également office d’appel d’urgence en cas de feu, d’attaque ou de tout autre sinistre.
Combien y a-t-il de cloches aux clochers ?
Tout dépend du lieu ; il n’existe pas de normes.
A chaque circonstance son carillon ?
La sonnerie en balancée diffère de celle frappée par un marteau ou levier du battant. Le carillon est en fait la mélodie lors de la frappe individuelle de chaque cloche, afin de créer une mélodie. La mise en balancée est choisie pour chaque événement. La grande cloche fait souvent office de glas et préfigure des funérailles.
Les cloches ont-elles des « maladies » ?
Oui. Cela peut être par exemple l’usure de la couronne de frappe (l’endroit où le battant vient frapper lors de la balancée). Si la détérioration est trop importante, la cloche peut être tournée, dans un mouvement de rotation, de manière à toucher un autre endroit de sa couronne. Autre problème rencontré : l’usure du battant, qui peut être remplacé, la corrosion des ferrures de soutien ou encore les axes de pivots, qui ne sont plus correctement axés, et encore bien d’autres « pathologies » ... Les cloches sont régulièrement contrôlées et entretenues.
Certains les considèrent comme une nuisance sonore…
Il y a les amoureux des cloches et… les autres ! Beaucoup d’efforts sont entrepris pour assurer « la paix du village ». Certaines horloges et frappes sont ainsi coupées durant la nuit et les sonneries d’appel sont raccourcies.
Quelques mots sur des cloches catholiques de Bienne ?
Les cinq cloches de l’église de St-Nicolas de Flüe datent de 1972 et ont été fondues par la fonderie de cloches Ruetschi AG. A Ste-Marie, la fonte date de 1947 ; l’horloge mécanique, de la même année, provient de la manufacture JGBear. Les cloches ont un nom et sont gravées d’inscriptions, souvent en latin.
Propos recueillis par Christiane Elmer