Retourne-toi et dialogue ! / Chr. Elmer

Réagir, dialoguer, agir !

La publication des résultats de l’étude pilote sur les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique romaine de Suisse a suscité de vifs remous et ravivé des tensions. Le point avec Gabriele Di Francesco, président du Conseil de paroisse.

La publication des résultats de l’étude pilote sur les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique romaine de Suisse a suscité de vifs remous et ravivé des tensions. Le point avec Gabriele Di Francesco, président du Conseil de paroisse.

Comme une multitude de paroissiennes et paroissiens, le président du Conseil de paroisse de Bienne et environs est abasourdi et horrifié. Catholique et père d’une fillette, Gabriele Di Francesco peine à imaginer l’ampleur de la douleur des victimes. « On parle de 1002 cas d’abus identifiés et, encore, ce ne serait que la pointe de l’iceberg ! Je ne comprends pas que ces abus et toutes ces violences n’aient pas été dénoncés dans le passé aux autorités civiles compétentes. N’importe quel citoyen – homme, femme, prêtre ou autre - qui commet des abus sexuels, devrait être sanctionné selon les lois en vigueur et, surtout, empêché de continuer à exercer son ministère ou son activité ».

Pourtant, rappelle le président, au sein même de notre Eglise catholique romaine, il y a un grand nombre d’agent.e.s pastoraux, d’employé.e.s, de bénévoles et paroissiens lambdas qui ont une conduite irréprochable. « L’Eglise catholique est bien plus que cette étude. Mais il faut absolument que tout ce qui s’est passé ne se reproduise plus jamais. » En attendant, force est de constater l’échec manifeste des organes de direction de l’Evêché dans leur manière de traiter les victimes d’abus ainsi que les auteurs de ces actes, trop souvent protégés dans les girons de l’Eglise, au lieu d’être dénoncés. Gabriele Di Francesco est d’avis que si les diocèses s’avèrent incapables – ou réfractaires - à traiter de manière adéquate les cas d’abus, il faut s’en remettre aux autorités civiles et ecclésiastiques désignées. Dans notre paroisse, depuis des années, des mesures ont été prises pour prévenir au mieux tout cas d’abus et de violence. « Mais si, malgré tout, nous devions être mis au courant de tels actes, nous n’hésiterions pas à les dénoncer aussitôt auprès des autorités compétentes. »

Perte de crédibilité, mais…

Consternation, tristesse, désarroi, colère… Le président du Conseil de paroisse est conscient des émotions suscitées après la publication de cette étude. Les personnes travaillant au sein de notre Eglise sont particulièrement affectées par ce qui se vit. « Je ne peux que les encourager à poursuivre leur engagement comme elles l’ont toujours fait. »
Défi de la diversité et richesse de la pluralité… Le débat sur les abus a aussi fortement attisé les tensions entre les groupes linguistiques de la paroisse. Des sensibilités autres, des différences d’orientation pastorale : une situation complexe et tendue. « D’origine italienne, né en Suisse, avec plein d’amis alémaniques, je baigne depuis toujours dans ce milieu multiculturel. Rien d’étonnant à ce que, parfois, des tensions ou des désaccords surgissent. Cependant, notre diversité doit être une force et non une faiblesse. » Pour Gabriele Di Francesco, au cœur des divergences, le respect des autres est crucial. « Avant même d’être italophones, germanophones, francophones ou hispanophones, nous sommes tous des chrétiens catholiques. Et une partie d’entre nous, de temps à autre, peut se sentir négligée ou incomprise. Mais nous sommes dans un système démocratique dont il faut savoir accepter les règles. En tant que président, je reste toujours ouvert au dialogue. » (Interview : N. Baschung / Adaptation : Chr. Elmer)

Souhaits du président et du Conseil de paroisse

« Que nos communautés linguistiques continuent à vivre sereinement, avec leurs différences et leurs qualités, dans le respect des autres. Que l’Eglise soit sans abus d’aucune sorte ; avec un vrai travail d’autocritique de la part de nos instances dirigeantes. Et que les erreurs du passé ne se répètent plus ! » 

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