Andreas sur l'affiche / Photo: Enrique Muños García

Services: Mon prochain: pareil et différent...

Andreas a figuré lui aussi sur l'une des six grandes affiches placées à la place Centrale, la place Guisan et la place de la Gare, à Bienne. Du 9 au 22 mars 2015, on a ainsi pu "rencontrer l'autre". Un projet soutenu par le Travail de rue des Eglises.

Andreas, on a pu vous voir en grand sur l'une des affiches exposées en ville récemment. Qu'est-ce que ça fait, de se voir comme ça?
Andreas: C'est plutôt marrant. C'est un peu Bienne qui voit Bienne. L'idée de ces portraits, c'était de montrer d'autres visages. D'aller à leur rencontre. J'aime bien cette idée de rencontrer l'autre. A la fois autre dans le sens de prochain, et puis autre parce que différent.

Le Travail de rue des Eglises a mis sur pied ce projet, grâce au concours de six personnes confrontées à l'exclusion et grâce au talent du photographe chilien Enrique Muños García. Pourquoi avoir accepté d'y prendre part?
Parce que c'est intéressant. Et puis parce que le thème de la rencontre me parle.

Pourquoi?
La rencontre, c'est se réunir, ne pas être seul, partager. Dans le milieu dans lequel je vis, il y a beaucoup de solitude et d'isolement. Quel est votre quotidien? Le matin, je vais acheter un litre de lait, si j'ai de l'argent. Comme ça, je peux boire des cafés! Plus tard, je vais manger. Presque tous les jours à la Cuisine Populaire. Je rencontre des gens. Tous les mardis, je travaille bénévolement auprès du Travail de rue des Eglises. Je distribue de la nourriture à des gens comme moi. Ce sont les organismes "Table suisse" et "Table couvre-toi" qui nous donnent ces denrées. Elles sont encore comestibles, mais impropres à la vente.

Lorsque vous dites "des gens comme moi", qu'entendez-vous?
Des personnes qui n'ont plus de travail, qui n'ont presque plus de liens sociaux, pas d'argent, pas ou peu de perspectives... Des perspectives, vous en avez? J'aimerais trouver un travail, reprendre une vie normale. Et pouvoir, dans une dizaine d'années - qui sait? - aller vivre en Jamaïque.

Quel a été votre parcours dans ses grandes lignes?
Je suis né à Bienne, le 11 décembre 1983. J'ai obtenu mes diplômes dans le secteur de l'hôtellerie et ai longtemps travaillé dans le service. J'ai eu la chance de travailler dans des établissements prestigieux à Gstaad, Saas-Fee, Arosa, Ascona, dans l'Oberland bernois... Et aussi à Douanne et à Bienne. Oui, j'ai décidé de revenir dans ma ville natale. Je m'y sens bien.

Mais comment vous êtes-vous retrouvé aux Œuvres sociales?
Il me manquait huit jours pour avoir droit aux indemnités chômage. Depuis avril 2014, je suis aux Œuvres sociales. Mon loyer et ma caisse maladie sont payés. Avec ce que je touche, je survis. Quand on est en dehors du circuit, ce n'est pas facile de pouvoir se réinsérer dans la vie professionnelle...

Vous sentez-vous différent des autres?
A part le fait que je n'ai pas d'emploi... non. On est finalement tous pareils. La vie n'est facile pour personne. Je rencontre des hommes, des femmes, qui vivotent au jour le jour. Tout a basculé pour eux suite à un accident, un chômage prolongé, l'alcool, la drogue, des problèmes de santé, une invalidité, des problèmes de famille...

Vous êtes nombreux à Bienne à vivre dans une telle précarité?
Il y a environ une quarantaine de personnes qui, comme moi, fréquentent les locaux du Travail de rue des Eglises. Il y en a encore tout autant dans la rue, qu'on ne voit pas ici. Et beaucoup d'autres, qui sont isolés.

Quel regard porte-t-on sur vous?
On ne me regarde pas spécialement. Mon look est celui de tous les jeunes de mon âge. Ce que je vis n'est pas écrit sur ma tête.

Le suisse allemand est votre langue maternelle, mais vous maîtrisez bien le français...
Oui, je suis Biennois! (il rit). Et puis, en travaillant dans l'hôtellerie, on voyage, on apprend d'autres langues. J'ai encore de bonnes notions d'italien, d'espagnol, d'anglais et de portugais. Votre mot de la fin? Et bien... si quelqu'un a un travail pour moi... On peut appeler dans ce cas le Travail de rue des Eglises, qui me contactera ensuite.

Vous avez de l'espoir?
Oui. Il faut toujours positiver.

Propos recueillis par Christiane Elmer

Travail de rue des Eglises Bienne - Seeland - Jura - Gassenarbeit
Rue du Milieu 5 - 2502 Bienne
Tél.032 322 75 10
Ouvert ma et jeudi de 10.00 à 12.00.

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