Sourires du Népal / ldd

Un cadeau dans les décombres

Du 28 septembre au 17 octobre 2015, Rita Broquet et Marie-Claude Prince se sont rendues au Népal. Récit d'un coup de pouce solidaire.

Au départ pourtant, la dimension solidaire de ce voyage au Népal n'était pas au rendez-vous. Ce ne devait être qu'un trekking et la visite de quelques monastères, mais le tremblement de terre qui a ravagé le Népal au printemps 2015 a changé subitement la donne. La plupart des personnes inscrites à ce voyage y ont renoncé. Mais pas Marie-Gabrielle Cheseaux, guide de voyage à l'agence "Grain de sable", ni Rita Broquet et Marie-Claude Prince, deux jeunes retraitées dynamiques de notre paroisse ! "On en a discuté entre nous et on a décidé d'y aller quand même. Le guide local nous a encouragées à ne pas renoncer, même si l'on n'était que trois. Il nous a dit qu'il engagerait des porteurs et que notre venue donnerait du travail à la population", explique Marie-Claude Prince. Mais il n'y a pas eu que l'argument économique: "Notre guide venait du village sinistré où nous avons prêté main forte: Singla, situé à 2800 m d'altitude et dévasté à 90% par le séisme. Il nous a demandé si on ne voulait pas venir donner un coup de main à la reconstruction de son village, qui est presque inatteignable".

Des marches, encore des marches!
Mais la configuration du terrain et les conditions du Népal ne sont pas les nôtres ! Pour arriver à Singla, Marie-Claude Prince, Rita Broquet, Marie-Gabrielle Cheseaux et le guide népalais ont mis une journée entière en voiture tout terrain, plus deux jours de marche (une journée de onze heures et l'autre de neuf) avec... de sacrés dénivelés ! "Nous avons fait 2000 mètres de dénivelé le premier jour de marche. Il n'y a que des marches ! Que de la montée! Et le deuxième jour, on a fait 1000 mètres de dénivelé à la descente. Là encore: que des marches! Plus encore 800 mètres de montée, toujours et encore des marches ... Là-bas, on ne peut pas faire un pas sans monter ou descendre. C'était très exigeant physiquement!" s'exclame Rita Broquet.
"Ce qui nous motivait, c'était vraiment de faire un geste pour cette population car ils sont loin de tout et n'ont quasiment pas reçu d'aide. Ce sont des gens qui étaient déjà pauvres avant et qui ont été en plus lourdement pénalisés par ce séisme". "

Parmi les décombres
Pour traverser le village de Singla, racontent- elles, il fallait enjamber des tas de pierres. Tout était effondré, en gravats. Elles ont aidé la population locale à trier détritus et matériaux. Car là-bas, on ne dispose d'aucun matériau nouveau pour reconstruire. Les gens reprennent les mêmes planches, les mêmes pierres; ils n'ont pas de ciment et mouillent de la terre pour colmater les pierres.

La fraternité du bout du monde
L'accueil était très chaleureux. En arrivant au village, après cette marche exténuante et ce dénivelé d'enfer, Rita et Marie-Claude étaient épuisées. A environ une heure de l'arrivée, la sœur du guide est venue avec quelques femmes leur offrir du thé et des pommes de terre rondes. "Et c'était tellement bon, tellement beau ! Ce sont des gens ouverts, riches de cœur mais démunis. Ils n'ont guère que leurs propres légumes et leur thé. On arrivait du bout du monde, pour eux. Et on sentait une grande reconnaissance de leur part."

Conditions difficiles
Durant leur séjour à Singla, Rita et Marie-Claude ont vécu comme la population: pratiquement sous les décombres. "On avait deux planches de chaque côté et on avait peur que tout s'écroule à tout moment. C'était très humide et froid. Bien des gens vivent encore sous des bâches, mais ils se mettent ensemble et reconstruisent les maisons. Ils sont motivés: l'hiver arrive et... ils sont à 2800 m ! Mais que fait le gouvernement népalais ? Rien ! "On a été très déçues, s'insurgent les deux Biennoises. Un bonhomme du gouvernement est venu là un jour proposer aux gens du village 150 kg de riz par famille à condition que les hommes aillent travailler 40 jours pour refaire les routes. Ceci alors que leurs maisons sont effondrées, qu'ils habitent sous des bâches et qu'il fait froid et humide ! Et alors que ces 150 kg de riz, quelque part, ils les ont reçus de nous. Le gouvernement ne fait rien pour les pauvres. Il a versé sa contribution du côté de l'Everest, là où affluent les touristes, mais pas aux villages isolés !"
Mais, par-delà leur sentiment profond d'injustice et la révolte qui gronde encore, Rita et Marie-Claude soulignent la gentillesse, la clémence et la patience des habitants de Singla. "Si on a pu leur apporter un tout petit peu d'aide, c'est déjà ça... Dans nos cœurs, on ramène des sourires. Les gens sont tellement souriants. Ils ne se plaignent pas, ne mendient pas."

Encore besoin de soutien !
Avant de partir au Népal, Rita et Marie-Claude se sont mises à récolter un peu d'argent, notamment via une vente de pâtisseries, sachant qu'il y avait des besoins là-bas. Elles ont ouvert un compte pour ce projet et ont récolté quelques milliers de francs. "Avec cet argent, on a pu faire bénéficier les plus démunis, les femmes seules, les personnes handicapées, et on leur a proposé d'acheter des chèvres, des moutons, des poules, selon leurs besoins. Et puis, on a récolté aussi des vêtements. On a emporté avec nous au Népal 60 kg de vêtements et chaussures et on est allé distribuer tout cela à l'école. C'était sympa, cette distribution. Et à ceux qui n'ont rien eu (il y avait 180 pièces en tout, mais 230 enfants...), on a donné un peu argent, pour que chacun ait quelque chose." Mais à Singla, il reste encore beaucoup à faire. L'école est reconstruite en partie. "Nous, on a proposé notre soutien pour construire des toilettes pour les enfants car il y n'y a qu'un WC pour 230 élèves... "

Aider Singla à se reconstruire ?
Pour recevoir un bulletin de versement (aide à la reconstruction), contactez Marie-Claude Prince: 032 323 39 19. Merci de votre soutien !

Christiane Elmer

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