L'un des vitraux et deux des stations du gigantesque chemin de croix en mosaïque / ldd

Une église extraordinaire !

A la fin de cette année paraîtra un guide d'art sur l'église de Ste-Marie. Mais pourquoi une telle publication ? Quels sont les atouts de l'église du Faubourg du Jura 47 ? Explications de l'historienne Margrit Wick et commentaires de l'abbé Nicolas Bessire.

"Oui, l'église de Ste-Marie est extraordinaire et mérite qu'on lui consacre une brochure d'art !" s'exclame d'emblée Margrit Wick. Cette historienne, bien connue à Bienne, ajoute que lors du 150e anniversaire de la paroisse, en 2008, elle avait déjà remarqué que de nombreux Biennois ne connaissaient pas ce bâtiment. "Et même des catholiques qui fréquentent régulièrement la messe, à Ste-Marie, ne font pas attention à l'architecture des lieux, aux vitraux et aux mosaïques".
Les visites guidées qui avaient été organisées en 2008, pour le 150e, ont rappelé à l'historienne la nécessité d'expliquer au grand public ce qui fait la valeur et la particularité de cette église.

Une œuvre assurément nouvelle
L'originalité de Ste-Marie porte sur l'ensemble: l'architecture, la décoration, l'ameublement... Une œuvre d'art perçue dans son intégralité, formant un tout harmonieux et, surtout, significatif. "Il s'agit en fait de deux églises. La première, de Keller, date de 1870, et l'actuelle, de l'architecte Gaudy, est de 1929. Mais c'est surtout l'œuvre de Gaudy qui nous intéresse" explique Margrit Wick. L'architecte Adolf Gaudy s'inspira d'une idée du Fribourgeois Dumas qui recommanda, en 1926, de construire une nouvelle église sur celle qui existait depuis 1870 due à l'architecte Wilhelm Keller de Lucerne. L'historienne raconte que le fait d'avoir deux églises superposées est tout à fait exceptionnel. Gaudy avait en outre l'intuition de la réforme liturgique: il rêvait déjà d'un autel placé au milieu de l'assemblée. Le choix des couleurs, vives et contrastées, dans les tons rouge-orangé et bleu, est des plus originaux. La nef rouge, en tons qui vont s'atténuant jusqu'à la voûte. Le vert frais des ciels surplombant les petits autels latéraux. Le chœur embrasé de vert et bleu profond, piqueté de motifs tirés de la plume de paon. Les volumes intéressants de la tribune et du chœur. Les vitraux, d'une grande beauté, les rosaces remarquables... Le grand escalier du chœur et les ambons, en pierre polie de Laufon... Des formes, des espaces, une symphonie de couleurs et lumières qui invitent à la découverte.

Aucune église de ce type en Suisse !
Aucun pilier pour soutenir la grande voûte de l'espace: le plafond semble suspendu à des poutrelles d'acier. L'ensemble est déconcertant, véhément, assurément audacieux. A Ste-Marie, l'architecte a ostensiblement voulu quitter les sentiers battus. Les vitraux subissent les influences les plus diverses allant du Jugendstil aux constructions rationalistes. Le décor, en dégradé, les arcatures reprises plusieurs fois, la coupole et ses allures de lampe de chevet, les décors géométriques, la diversité polychromique des matériaux utilisés: autant d'éléments intéressants pour l'amateur d'histoire de l'art. "Il n'y a certainement aucune église de ce type en Suisse!" s'exclame Margrit Wick.

Majestueux chemin de croix...
De 1873 à 1903, un événement majeur vient se greffer: le Kulturkampf, le fameux conflit entre l'Eglise catholique romaine, de tendance conservatrice, et les intérêts de l'Etat moderne et libéral. "Ces profondes tensions ont essentiellement touché la Prusse et la Suisse. Le Jura bernois a été assez violemment confronté à ce conflit. Et, Bienne, à sa façon, n'y a pas échappé non plus. Et ce n'est sans doute pas un hasard si la représentation du chemin de croix, dans l'église, occupe un aussi grand espace !..."

Un projet qui prend forme
Ce projet a été lancé une première fois en 2009, après le Jubilé des 150 ans de la paroisse. Pour des raisons financières, sa concrétisation a été quelque peu retardée. La question du medium s'est aussitôt posée: diffusion électronique, impression d'une brochure ? "Nous avons finalement décidé de collaborer avec la Société d'Histoire de l'Art (SHA) en Suisse, qui édite régulièrement des guides très appréciés sur des édifices particuliers ou des ensembles d'immeubles (à l'exemple de celui sur Bienne paru en 2002)". Avantage d'une telle collaboration ? Les Guides SHA sont diffusés sur abonnement dans toute la Suisse ! Ainsi l'église de Ste-Marie fera-t-elle parler d'elle bien au-delà du seul périmètre biennois.

Artisans et artistes du guide
Le guide d'art sur Ste-Marie est le fruit d'un travail collectif de qualité. Si les textes (partie historique) sont de la plume de Margrit Wick (création de la paroisse, Kulturkampf et intégration des catholiques dans la société biennoise), le reste de la brochure porte les griffes de ses autres auteurs. Sylvain Malfroy, de Neuchâtel, est historien d'art et d'architecture. Il enseigne dans plusieurs hautes écoles et s'est occupé de tout ce qui a trait à l'architecture. Brigitte Kurmann-Schwarz, de Perles, est professeur d'université et spécialiste de la recherche en peinture sur verre. Elle a étudié les vitraux et les mosaïques provenant de l'atelier Mauméjean, de Paris, et des ateliers de Hendaye, l'un de des plus estimés producteurs de vitraux de l'époque. Mauméjean est la signature en nom collectif de maîtres-verriers et mosaïstes, dont les activités se déroulent, dans leurs ateliers, sur trois générations. Ceux de l'église Ste-Marie de Bienne sont les seuls issus de ces ateliers en Suisse.
Le guide illustré, comprenant 36 pages, paraîtra vers la fin de cette année en deux versions: français et allemand.

Une église qui nous porte tout particulièrement à la prière
Le Seigneur est partout. Et aucune église n'est dépouillée de sa Présence. Pourtant, certaines d'entre elles incitent davantage au recueillement. Parler d'une église, c'est aussi, évidemment, se pencher sur ce qu'on y vit, spirituellement et liturgiquement parlant. L'abbé Nicolas Bessire, répondant de l'église Ste-Marie, explique que généralement, les paroissiens sont attachés à leur église. "Celle où ils ont vécu des moments importants de leur vie de foi (leur Première Communion, leur Confirmation, leur mariage...). Pour les anciens Biennois, Ste-Marie, c'est d'abord leur église. C'est là qu'ils ont grandi, avec leur curé, l'abbé Lötscher. Il n'y avait, à l'époque, que cette église-là, en matière d'église catholique romaine à Bienne. Saint Nicolas est venue plus tard, en 1958, et Christ-Roi dix ans après."
L'abbé Nicolas estime aussi que l'atmosphère de Ste-Marie, avec ses couleurs chatoyantes, est plus chaleureuse que les églises en béton. Rappelons au passage que la crypte (qui était l'ancienne église sur laquelle on a érigé l'église supérieure) se pare elle aussi d'un éclat nouveau: fraîchement rénovée, lumineuse, mieux mise en valeur, elle est tout simplement sobre et éblouissante !

Ce qui plaît aux paroissiens...
Mais revenons à l'église supérieure. "Son style néo-gothique (expressionniste) plaît beaucoup", poursuit l'abbé Bessire. "Il y a ces grands vitraux très colorés, dépeignant les étapes de la vie de la Vierge, Saint Louis de Gonzague, la vie biennoise, sainte Cécile et une rosace. Et puis de magnifiques mosaïques (les 14 stations du chemin de croix). Le volume des lieux convie davantage à la prière. Mais, bien sûr, tout cela se passe au niveau sentimental et c'est aussi une affaire de goût. Pour un prêtre, le lieu peut bien sûr exercer une influence sur l'organisation d'une célébration, par exemple en ce qui concerne les processions. "Mais la liturgie s'adapte aux lieux et il n'y a pas que le décor qui fait la beauté d'une messe. Comme le décor n'est pas à lui seul le garant de l'unité de ceux qui sont rassemblés dans l'église. Le Christ est le même partout..." conclut l'abbé Nicolas Bessire.

En fin de compte, une "belle église", c'est une église où un paroissien se sent bien, celle où il a vécu des événements importants dans sa vie de foi, ou celle encore où il a l'habitude d'aller prier, chanter, exulter, célébrer, rencontrer, supplier, pleurer ou louer. Tant mieux alors si les lieux sont magnifiques. Mais tant mieux surtout s'ils sont magnifiques pour lui !

Christiane Elmer

Recherche de sponsors pour le guide d'art !
Une seule page de cette brochure (photos et traductions comprises) coûte Fr. 1300.- Nous recherchons des particuliers et des entreprises disposés à verser l'équivalent d'une page, d'une demi-page, d'un quart de page ou à allouer un quelconque montant pour contribuer à la réalisation de ce guide. D'avance un grand merci !

Versements possibles !
A effectuer sur le compte 30-106-9; en faveur de la Paroisse catholique romaine de Bienne et environs, Administration, CP 4117, 2500 Biel/Bienne 4; motif: financement de la brochure de Ste-Marie.

 

 

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